Les scandales qui éclaboussent l'administration Tremblay auraient pu être en partie évités si Québec avait agi plus vite pour faire respecter les lois auxquelles sont assujetties les villes, dénoncent les partis de l'opposition.

Les adversaires du gouvernement libéral reprochent à la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, d'être restée en retrait, même si elle sait depuis plusieurs mois que l'attribution du contrat des compteurs d'eau au consortium GéniEAU soulève des questions.

Ils l'accusent aussi d'avoir fermé les yeux lorsqu'elle a appris que la Ville avait privatisé la Société d'habitation et de développement de Montréal sans son aval. Ce changement de statut a permis au directeur général Martial Fillion de commettre plusieurs irrégularités dans la vente de terrains municipaux, selon un rapport de la firme Deloitte. M. Fillion est l'ancien chef de cabinet du maire Tremblay.

La loi est pourtant claire, affirme Martin Lemay, critique péquiste en matière d'affaires municipales. C'est à la ministre de surveiller les administrations municipales dans l'exercice de leurs fonctions. «C'est l'inaction de la ministre qui nous a menés à cette situation», dénonce M. Lemay.

«Elle avait tous les pouvoirs pour intervenir dans les dossiers dont on parle depuis plusieurs semaines et elle n'a rien fait», ajoute-t-il.

Code d'éthique

Face à la crise qui sévit à l'hôtel de ville de Montréal, le gouvernement Charest a fait savoir vendredi qu'il adoptera d'ici à la fin de l'année une loi qui obligera toutes les villes de la province à se doter d'un code d'éthique.

Le député Lemay entend appuyer le projet, mais il estime que le gouvernement devra en faire davantage pour faire respecter la loi à l'avenir.

L'Action démocratique qualifie pour sa part de «ridicule» le plan du gouvernement Charest. La chef par intérim, Sylvie Roy, ne croit pas qu'un code d'éthique aurait pu empêcher l'ex-bras droit du maire Tremblay, Frank Zampino, de séjourner sur le yacht de l'homme d'affaires Tony Accurso, l'un des dirigeants du consortium qui a raflé le contrat des compteurs d'eau. Pas plus qu'il n'aurait empêché la Ville de privatiser la SHDM sans demander l'avis de la ministre.

«Ce n'est pas à la police d'exercer un leadership politique au Québec, a indiqué Sylvie Roy. La ministre devrait examiner toutes les dispositions que la loi lui donne. Elle peut demander une enquête, elle peut aussi faire des gestes d'autorité sur la ville.»

Sylvie Roy souhaite que la ministre rencontre le maire Tremblay au plus vite pour discuter de la situation. Elle n'exclut pas la possibilité d'exiger la mise sous tutelle de Montréal.

De son côté, l'Union des municipalités se dit ouverte à l'adoption d'un code d'éthique, à condition qu'il régisse autant les employés municipaux que les élus. Mais le président de l'organisme, Robert Coulombe, ne croit pas que les scandales qui ont ébranlé la mairie de Montréal devraient mener à une révision des lois auxquelles les villes sont assujetties. Du moins pas de manière précipitée.

«À l'échelle municipale, à notre avis, l'attribution des contrats est très bien encadrée, explique-t-il. Par contre, on est prêts à collaborer pour accompagner le gouvernement dans l'établissement d'un code d'éthique.»