Ça ne fête pas fort à la Carifête.

Alors que l'événement s'apprête à célébrer son 35e anniversaire, l'heure est au conflit.

Deux groupes se disputent actuellement l'organisation du prochain défilé caribéen, qui aura lieu le dimanche 4 juillet.

D'un côté, la Caribbean Cultural Festivities Association (CCFA), une vieille organisation avec de tout jeunes membres (35 ans en moyenne). De l'autre, la Montreal Carnival Developpement Foundation (MCDF), une nouvelle organisation menée par des vétérans de la Carifête.

 

Chaque camp affirme être dans la meilleure position pour assurer l'avenir d'un événement devenu chambranlant. La Carifête, on le sait, vient de connaître quelques années difficiles, marquées par la désorganisation, les querelles internes et un sous-financement chronique.

Jusqu'à cette année, c'est la CCFA qui était responsable de la Carifête. Son ancien président, Henry Antoine, a créé la MCDF dans l'espoir de repartir sur de nouvelles bases. L'été dernier, la Ville lui avait publiquement reproché sa gestion douteuse des fonds publics. Mais il affirme avoir mis de l'ordre dans ses livres.

«Notre problème était structurel et c'est là-dessus que nous travaillons. Il faut être plus transparents», reconnaît Henry Antoine.

Du sang neuf

À la CCFA, on joue plutôt la carte du sang neuf. Everiste Blaize, président du conseil d'administration, croit que la Carifête est tout simplement mûre pour une direction plus saine et une équipe mieux organisée.

«Nous sommes jeunes. Nous avons un plan d'affaires. Et nous avons la transparence. Si vous avez les questions, nous avons les réponses. Ça n'a pas toujours été le cas», lance M. Blaize, qui accuse en outre Henry Antoine d'avoir unilatéralement tenté de dissoudre la CCFA, avant de créer la MCDF. «C'était un geste illégal. Mais nous sommes toujours là», dit-il.

Au Community Contact, journal de la communauté caribéenne, on n'a pas encore officiellement pris position, bien qu'un chroniqueur ait tranché en faveur de la CCFA. Selon le rédacteur en chef Egbert Gaye, cette opinion résume assez bien celle de la communauté en général.

«La majorité des gens pensent qu'on a besoin de sang neuf. Mais la plupart en ont surtout assez de tous ces tiraillements. Ils veulent seulement avoir du bon temps.»

Pour l'heure, la MCDF semble avoir une longueur d'avance sur la CCFA. Mais tout changement reste possible.

Au Bureau des festivals, on admet que le dossier est délicat. À qui donner le permis? Et les subventions? Pour Daniel Bissonnette, directeur du bureau, il est clair que «cette situation place la Ville dans une position difficile».

D'ici une semaine, tout au plus, le Bureau des festivals transmettra ses recommandations à Marcel Tremblay, qui est responsable des communautés culturelles à la Ville. C'est lui qui tranchera ultimement en faveur d'un camp ou de l'autre.

«Au bout du compte, les élus devront faire un choix, conclut M. Bissonnette. Est-ce qu'annuler la parade est une option? Théoriquement, oui. Ça s'est déjà fait. Mais en pratique, ça n'a aucun sens. C'est quand même le 35e anniversaire.»