Le syndicat des fonctionnaires municipaux a lancé un appel au boycottage à ses 10 000 cols blancs contre l'implantation de la ligne éthique du maire Tremblay. Lors d'un entretien avec La Presse, la présidente du syndicat, Monique Côté, a expliqué que le projet apparaît clairement «électoraliste».

«C'est un gros show pour détourner l'attention des scandales des compteurs d'eau et de la SHDM, qui relèvent directement de l'administration Tremblay, estime Mme Côté. Le maire tente de dire: ne vous en faites-pas, on va régler le problème avec la ligne éthique. Mais pensez-vous vraiment qu'un simple fonctionnaire peut mettre au jour un scandale de l'ampleur de celui des compteurs d'eau, au montant de 356 millions? Ce n'est pas sérieux.»

 

En janvier dernier, le syndicat des fonctionnaires (SFMM), a envoyé une lettre au maire lui enjoignant d'agir en partenariat, de façon paritaire, avec les différentes associations dans le dossier. Une rencontre a suivi en compagnie du directeur général de la Ville, Claude Léger, mais depuis, plus rien, affirme Mme Côté.

«La ligne éthique soulève trois problèmes, dit Mme Côté. On veut tout d'abord qu'elle relève d'une firme indépendante qui ne sera pas sous le contrôle de la direction générale de la ville. On veut que les élus soient englobés dans le service. Et on a de grandes craintes quant à la garantie d'anonymat.»

La leader syndicale se demande, par ailleurs, si la ligne ne servira pas seulement à dénoncer un vol de gommes à effacer et de crayons, ou à dénoncer les pauses prolongées des fonctionnaires au café du coin.

En séance exécutive, hier, les élus de la garde rapprochée du maire de Montréal devaient approuver le lancement d'un appel d'offres pour trouver une firme responsable de l'implantation du service. Les détails du contrat, dont la somme, devraient être dévoilés aujourd'hui.

En Ontario, où le service existe à Toronto et à Ottawa, on estime que la ligne permet d'économiser quelques centaines de milliers de dollars en fraude chaque année. Très loin, donc, de la somme du contrat des compteurs d'eau de Montréal, évaluée à 356 millions, ou des fraudes informatiques à la Ville, estimées à 8 millions, qui ont entraîné le congédiement de deux cadres, dans les derniers mois.