Le train de banlieue de Deux-Montagnes enregistre une chute de presque 5% de sa clientèle, au cours des trois premiers mois de l'année, par rapport à la même période l'an dernier.

L'ensemble du réseau des cinq trains de banlieue de l'AMT a connu, par ailleurs, une croissance anémique d'à peine 1% de sa clientèle, depuis le début de 2009, selon les données obtenues par La Presse, et ce, malgré les ajouts de 76 départs par semaine et des investissements de 13,9 millions de Québec, pour hausser l'achalandage.

Sur la ligne Dorion-Rigaud, l'achalandage a connu une faible croissance d'à peine 0,8%, au cours des trois premiers mois de 2009, selon les données fournies par une porte-parole de l'AMT, Mme Martine Rouette. Durant la même période, le train de Blainville a aussi connu une augmentation de 1,7% de sa clientèle, estimée à 9340 passagers par jour, en moyenne, l'an dernier.

Les deux lignes de trains de la Rive-Sud, soit celles de Mont-Saint-Hilaire et Delson-Candiac, ont pour leur part connu des augmentations respectives importantes de 7% et de 13,5%. Ces hausses ont toutefois une incidence assez faible sur la performance du réseau puisqu'il s'agit des deux plus petites lignes de l'AMT. Leur clientèle totalise environ 9300 usagers par jour, en moyenne, soit à peu près l'équivalent de la seule ligne de Blainville.

Mme Rouette a précisé que sur la ligne de Deux-Montagnes, où l'achalandage est tombé de 4,9% au cours des trois premiers mois de 2009, pas moins de 10 952 personnes ont utilisé les services de navette par autobus, que l'AMT a mis en place pour parer aux déficiences de service de la ligne, qui compte pour 50% de tout l'achalandage du réseau.

Globalement, indique la porte-parole, le réseau des trains de banlieue a donc vécu une hausse d'achalandage de 1%, lors du premier trimestre de 2009. Dans son budget de l'année courante, l'AMT prévoyait une augmentation de clientèle de 3,4% pour ses cinq trains. En 2008, cette hausse de clientèle approchait les 4%.

Ces données de variations des clientèles globales ont été fournies par l'AMT par téléphone, sans chiffres d'achalandage réels, ni données mensuelles détaillées. La Presse a demandé à obtenir copie des données d'achalandage complètes du réseau. À 18 h, vendredi, elles étaient toujours attendues.

Une agence «cachée»?

Ces données d'achalandage sont rendues publiques à un moment où l'opposition officielle à l'Assemblée nationale accuse le gouvernement Charest de «cacher» l'agence provinciale et son président, M. Joël Gauthier, en raison de la crise des trains de banlieue de l'hiver dernier et des relations difficiles de l'AMT avec plusieurs des municipalités et des transporteurs publics de la métropole.

En entrevue à La Presse, le député de Verchères, M. Stéphane Bergeron, critique de l'opposition officielle en matière de transport, a déploré le refus des élus libéraux de confier un mandat de surveillance à la Commission des transports et de l'environnement pour convoquer M. Gauthier à Québec, afin de répondre de sa gestion de l'agence. Cette commission permanente de l'Assemblée nationale du Québec est présidée par le député péquiste François Legault, mais les libéraux y détiennent la majorité des sièges, soit sept sur douze.

M. Bergeron a ainsi rappelé qu'en septembre, à la veille de la rentrée automnale, la ministre des Transports du Québec, Mme Julie Boulet, qui est responsable de l'AMT, avait elle-même annulé des contrats que l'AMT avait conclus avec un transporteur privé pour offrir deux services de navette par autobus haut de gamme sans l'accord des villes concernées.

Quelques semaines plus tard, le conseil des élus de la Communauté métropolitaine de Montréal a refusé d'entériner le budget de dépenses de l'AMT pour 2009 en raison des hausses de contribution demandées aux municipalités.

En janvier dernier, la mise en place de nouveaux horaires de trains, enrichis de 76 nouveaux départs par semaine, a ensuite tourné à la catastrophe pour l'AMT. Des pannes presque quotidiennes et des retards de service s'étirant jusqu'à une heure ont entraîné une révolte des usagers sur les deux principales lignes du réseau, Deux-Montagnes et Dorion-Rigaud, qui totalisent 70% de la clientèle totale de l'AMT.

Un recours collectif de plus de 60 millions contre l'AMT est toujours pendant, à la suite de ces événements.

Joint par La Presse, l'attaché de presse de la ministre des Transports Julie Boulet, M. Sylvain Leclerc, a affirmé que les élus de l'opposition officielle «pourront interroger le président de l'AMT sur tous les sujets qu'ils veulent lorsqu'il comparaîtra pour l'étude des crédits de l'AMT, en avril ou en mai».

«Sans vouloir présumer des motifs de la commission des transports pour rejeter le mandat de surveillance demandé sur l'AMT, a dit M. Leclerc, je crois que les deux points de presse tenus par M. Gauthier durant la crise des trains, et le plan de redressement qu'il nous a présenté, et qui porte ses fruits, ont rendu cet exercice inutile.»