La Ville de Montréal n'a pas été épargnée par le krach boursier des derniers mois. Les caisses de retraite des employés municipaux ont fondu de 2,3 milliards en 2008, a appris La Presse, une perte de 17,6% qui forcera l'administration Tremblay à augmenter ses cotisations aux caisses de retraite.

On compte 42 caisses de retraite pour les policiers, pompiers, cols bleus, professionnels et cadres de la ville centre et de ses arrondissements. Au début de l'année financière 2008, la valeur combinée de ces régimes de retraite s'élevait à un peu plus de 13,2 milliards.

Les cotisations ont baissé en cours d'année tandis que les prestations versées ont légèrement augmenté. Mais surtout, les rendements des placements ont été catastrophiques. Une fois toutes les transactions comptabilisées, la valeur des actifs était passée de 12,9 milliards à 10,6 milliards, une saignée de 17,6%.

La perte est colossale, convient le responsable des finances au comité exécutif, Sammy Forcillo. Mais il assure que la Ville ne sort pas trop écorchée de la crise boursière.

«Si l'on se compare aux autres, on se console, a-t-il indiqué. Ceux qui ont géré nos caisses de retraite dans un contexte de crise financière ont quand même été meilleurs que les autres.»

Le rendement des fonds municipaux de Montréal est légèrement inférieur à la moyenne des grandes caisses de retraite canadiennes, chiffrée à -16% par la firme-conseil RBC-Dexia, une filiale de la Banque Royale. En revanche, les fonds montréalais ont connu une meilleure performance que Teachers', le bas de laine des enseignants ontariens, qui a annoncé la semaine dernière un rendement négatif de 18%. Et mieux encore que la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a perdu le quart de sa valeur.

La dévaluation du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), qui a miné le bilan de la Caisse de dépôt, n'a pas été un facteur important à Montréal, explique par ailleurs M. Forcillo. Les caisses avaient investi «quelques millions» dans ce produit controversé, mais pas assez pour diminuer leurs rendements de manière significative.

Pertes coûteuses

La loi oblige les employeurs à renflouer les pertes des caisses de retraite de leurs employés. La Ville échelonnera les paiements sur quatre ans, en tenant compte des rendements positifs enregistrés dans les dernières années et dans les prochaines.

N'empêche, à moins d'un rebond boursier spectaculaire, la Ville devra consacrer une plus grande part de son budget à ses caisses de retraite dans les années à venir. L'an dernier, elle a versé 269 millions dans les fonds, une hausse de 54 millions par rapport à 2007.

M. Forcillo s'attend à ce que ces sommes augmentent dans les prochaines années, même s'il ignore de combien pour le moment.

«C'est certain qu'en fonction de la situation économique actuelle, il va falloir escompter certains montants pour nos caisses de retraite, a-t-il indiqué. C'est une obligation contractuelle.»

Déjà, à la fin du mois de février, la Ville a dû débloquer 30 millions supplémentaires pour assurer le bon fonctionnement de ses caisses de retraite.

Les différents syndicats joints par La Presse dans les derniers jours n'ont pas manifesté d'inquiétude face aux mauvais rendements de leurs caisses de retraite. Ils ont espoir que les bonnes performances des années précédentes et une reprise économique permettront d'assurer la pérennité des régimes.

Le syndicat des cols bleus a cependant lancé des discussions avec les autorités afin de mettre en place un mécanisme afin d'éviter une nouvelle correction à l'avenir. On songe notamment à créer une cagnotte séparée pour dépanner les fonds en cas de pertes, une stratégie qui permettrait à la fois d'éviter des dépenses imprévues et de garantir les prestations des anciens travailleurs.