Ceux qui venaient de faire l'acquisition d'un appartement en copropriété du projet Faubourg Contrecoeur devront maintenant prendre leur mal en patience avant de faire leurs boîtes. D'autant plus que plusieurs de ces futurs acheteurs étaient déjà courroucés par les nombreux délais de livraison.

Quarante-deux des quatre-vingt-seize ménages devaient emménager dans leurs nouveaux appartements d'ici le mois de juillet. Au départ, deux immeubles devaient être prêts à accueillir des occupants en avril, deux autres en mai et les deux derniers en juin. Aux dernières nouvelles, tous les appartements devaient être livrés à la fin du mois de juin.

 

Simon Bélanger est un de ces futurs propriétaires du Faubourg Contrecoeur. Selon l'échéancier fixé au départ par l'entrepreneur, il devrait déjà habiter dans son appartement. «J'ai reçu une lettre de Catania expliquant que la livraison des condos était décalée au mois de juin à cause des délais et de circonstances hors de son contrôle», explique M. Bélanger, pour qui le réveil a été brutal hier matin. «J'ai même signé mon prêt hypothécaire hier (jeudi). Je suis ensuite passé sur le chantier pour voir les travaux, mais il n'y avait personne. Je ne connais pas mes recours pour l'instant, ce n'est pas un scénario que l'on imagine...» a soupiré M. Bélanger.

Sous le couvert de l'anonymat, un des futurs occupants du Faubourg, rencontré sur place, se félicitait d'avoir annulé son contrat d'achat la veille. «J'avais réservé deux condos et j'ai tout annulé. On m'a remboursé les dépôts de 1000$ pour chaque appartement», raconte ce Montréalais, qui était exaspéré par les nombreux délais de construction. «On venait voir l'évolution des travaux et rien ne bougeait. On a alors entendu parler dans les médias du litige entourant le projet...» a-t-il souligné.

Devant ses yeux, une épaisse colonne de fumée s'échappait toujours de l'endroit où il devait habiter. Des pompiers à bord de nacelles tentaient d'étouffer les dernières flammes. Il ne restait alors que des ruines en cendres des six bâtiments, dont plusieurs s'étaient effondrés.

Cet autre homme croisé devant l'entrée du Faubourg Contrecoeur - et dont la fille avait réservé un des appartements en copropriété - ne cachait pas sa colère. «Je voyais les problèmes venir. Je suis venu plusieurs fois avec ma fille et il n'y avait jamais moyen de visiter les condos», a-t-il déploré sous le couvert de l'anonymat.

Derrière lui, la roulotte dans laquelle était aménagé le bureau de vente des appartements du Faubourg Contrecoeur était déserte. Une maquette du projet sous verre se trouvait au milieu de la pièce.

Un peu plus loin, un briqueteur qui travaillait sur le chantier observait les pompiers en train de combattre le brasier. «On travaille là depuis l'an passé. Le chantier était gelé cet hiver, mais on devait reprendre le travail d'une journée à l'autre», a expliqué Alfredo Miccoli, visiblement abasourdi par les événements.

Joint hier, le Groupe Catania a assuré que le projet n'avait pas de plomb dans l'aile. «Ce projet-là allait très bien et était même au-delà de nos espérances, compte tenu de l'impact négatif qu'il a suscité dans les médias», a expliqué hier André Fortin, le président du Groupe immobilier Catania, faisant référence aux reportages publiés notamment dans La Presse.

M. Fortin dit n'avoir aucune raison de penser qu'une main criminelle soit à l'origine de l'incendie et il ajoute n'avoir jamais fait l'objet de menaces.

Le Groupe Catania s'est engagé à reconstruire dès que possible les appartements incendiés et à aller de l'avant avec le projet, qui devrait compter au final 1800 unités d'habitation.