Si le maire Gérald Tremblay avait su que son ex-bras droit, Frank Zampino, avait pris des vacances avec le promoteur Tony Accurso alors que la Ville de Montréal se préparait à octroyer un contrat de 355 millions à un consortium dont faisait partie une compagnie de M. Accurso, il aurait écarté monsieur Zampino de la présidence du comité exécutif.

Le maire Tremblay l'a déclaré lors de l'émission 24 heures en 60 minutes, à la télévision de Radio-Canada, jeudi soir. La journaliste Anne-Marie Dussault lui avait demandé ce qu'il pensait de la situation de conflit d'intérêts ou d'apparence de conflit d'intérêts dans laquelle Frank Zampino s'était placé en passant ses vacances avec Tony Accurso.

«Vous sentez-vous trahi par M. Zampino qui vous a joué dans le dos, qui ne vous a pas tout dit, qui a pêché par omission?» a demandé Mme Dussault. Le maire Tremblay n'a pas répondu mais a dit qu'une ligne éthique et un code d'éthique seraient créés prochainement pour les élus.

Mme Dussault est revenue à la charge: «Si vous aviez su que M. Zampino était allé sur le bateau de M. Accurso moins de deux mois après le contrat des compteurs d'eau, lui auriez-vous demandé de démissionner?»

«J'aurais dit à Frank Zampino: "Tu as fait une très grave erreur de jugement" et je l'aurais retiré de la présidence du comité exécutif de Montréal», a répondu le maire.

Gérald Tremblay a ajouté qu'une conférence de presse sera convoquée la semaine prochaine avec des fonctionnaires et la firme BPR qui a conseillé la Ville depuis 2005 dans le dossier du contrat des compteurs d'eau. Ils feront le point sur ce contrat dont le coût est contesté par un expert et semble exorbitant par rapport à un contrat semblable à Toronto.

Par ailleurs, Frank Zampino n'avait toujours pas envoyé, hier, à la Ville les documents établissant ses dépenses lors de ses voyages avec M. Accurso en 2007 et 2008 et ce, bien que la Ville «ait réitéré sa demande», a appris La Presse.

Dans une lettre adressée au maire le 2 avril, M. Zampino affirmait qu'il avait payé tous ses frais lors de ces voyages. Il offrait d'ailleurs de «produire» les «factures et les chèques datés et encaissés» sur demande.

Hier, une semaine plus tard, la Ville n'avait toujours pas reçu les factures. «On les a demandées, on a réitéré notre demande et on les attend toujours, a dit hier l'attaché de presse du maire, Martin Tremblay, à La Presse. Aussitôt que nous les obtiendrons, nous les rendrons publiques immédiatement.»