L'administration du maire Gérald Tremblay a rouvert un contentieux vieux de sept ans entre Québec et la métropole, en imposant des compressions budgétaires de 40 millions à la Société de transport de Montréal (STM), pour le fonctionnement du métro et de ses services d'autobus.

Faute des «nouvelles sources de revenus» attendues pour balancer son budget 2009, la Société de transport de Montréal pourrait enregistrer un déficit d'exploitation de 38 millions, dès cette année, si elle maintient tous ses services et qu'elle n'augmente pas les tarifs de ses usagers d'ici la fin de l'année.

 

L'annonce des compressions de l'administration Tremblay dans les transports en commun a aussitôt été dénoncée par le Conseil régional de l'environnement de Montréal, et par le groupe de défense des transports publics, Transports 2000 Québec.

Ces deux organismes ont estimé hier que l'administration Tremblay est en train de manquer à tous ses engagements, en compromettant des services qu'elle avait, pourtant, promis d'améliorer.

«Comment le maire de Montréal pourra-t-il ensuite se retourner vers Québec ou Ottawa pour réclamer plus de financement, quand lui-même se désengage pour 40 millions?», a demandé hier André Porlier, directeur du CRE de Montréal.

Pour sa part, le directeur général du groupe Transports 2000 Québec, Normand Parisien, a estimé hier qu'il sera «absolument impossible» pour la STM d'augmenter ses services, ou même de maintenir les services actuels, sans augmenter considérablement les tarifs aux usagers. M. Parisien a dit craindre un «choc tarifaire» pour les usagers de la STM, dès l'an prochain, si la Ville maintient ses demandes de compressions budgétaires.

Crever l'abcès

Au cabinet de la ministre des Transports, Julie Boulet, le sous-ministre Denys Jean a fait savoir hier qu'on «attend les propositions» qui seront présentées prochainement par la STM pour faire face à cette crise, qui menace une fois de plus les services de transports en commun offerts quotidiennement aux Montréalais.

Le budget d'exploitation de la STM s'élève, cette année, à plus d'un milliard de dollars (voir tableau). Les compressions commandées par la Ville de Montréal représentent environ 4% de ce budget.

Près de 65% des dépenses de la STM servent à payer les salaires et avantages sociaux du personnel, ainsi que des cotisations aux régimes publics, comme la CSST. La plupart des autres dépenses prévues ne sont pas compressibles, tels le service de la dette, les coûts d'énergies (diesel, pour les autobus, électricité pour le métro), les programmes d'entretien, les services techniques, etc.

Le budget prévoit aussi de «nouvelles sources de revenus» estimées à 38 millions, pour l'année en cours. Ces nouvelles sources de revenus, qui n'existent pas, cachent en fait un déficit d'exploitation accumulé depuis six ans, et qui est au coeur du litige qui persiste, depuis 2002, entre Québec et la métropole, au sujet des transports en commun.

Depuis la crise de financement qui a ébranlé toutes les sociétés de transports en commun du Québec, en 2003, la STM traîne d'une année à l'autre un déficit déguisé, qui apparaît dans son budget sous la forme de «nouvelles sources de revenus» ou de «contributions du gouvernement» qui n'ont, en fait, jamais existé.

Cette astuce budgétaire, dont la STM n'a jamais fait mystère, a ainsi permis de présenter des budgets «équilibrés» malgré un manque à gagner récurrent, qui s'est accumulé et qui a plus que doublé de taille, depuis six ans.

En 2003, le montant de ce manque à gagner, inscrit au budget de la STM sous la mention «Autres sources de revenus», s'élevait à 15,5 millions. À l'époque, la STM avait inscrit ce montant à son budget, dans l'attente d'un nouveau «cadre de financement pour les transports en commun», qui était alors en pourparlers entre le gouvernement du Québec et les municipalités concernées.

Ce nouveau «cadre financier» n'a toutefois jamais vu le jour.

Dans son budget 2009, ce manque à gagner annuel identifié sous la rubrique «Nouvelles sources de revenus», atteint aujourd'hui 38 millions.

Selon une porte-parole de la STM, Marianne Rouette, l'annonce des compressions de 40 millions imposées par la Ville, concerne justement ces sources de revenus inexistantes et ne s'ajoute donc pas au manque à gagner découlant de leur absence.

«Ce que la Ville a annoncé, a expliqué Mme Rouette, c'est qu'à la fin de cette année, contrairement aux années antérieures, la STM ne peut pas compter sur les finances municipales pour combler ce manque à gagner». Mme Rouette a par ailleurs confirmé que la STM prépare actuellement des propositions, qui seront soumises au cabinet de la ministre Boulet dans les plus brefs délais.