«Par une drôle de coïncidence», selon l'expression d'un d'entre eux, les pompiers de Montréal ont sorti les camions des casernes hier à 10h30. Ils ont en fait manifesté leur solidarité avec le collègue congédié le 11 février pour avoir menacé la famille d'un cadre.

Le syndicat a en outre dénoncé l'«arrogance» du directeur des relations professionnelles de la Ville, Jean-Yves Hinse, qu'on accuse de salir la réputation des pompiers. À 10h30 pile hier matin, les ondes radio ont été saturées de messages provenant de véhicules circulant dans leurs territoires «en solidarité avec le pompier congédié». La direction du Service de sécurité incendie leur a ordonné à deux reprises de retourner immédiatement à leurs casernes respectives.Les manifestants ont ignoré l'appel la première fois, mais ont obtempéré au deuxième appel, vers 10h45. Certains ont cependant nargué la répartitrice radio, lui demandant de faire des tests radio bidon.

Sourire au visage, un pompier de la caserne 26 a affirmé que «par une drôle de coïncidence, tous les gars sont sortis en même temps» pour faire une ronde de prévention. «C'est les chefs qui ont arrangé l'horaire comme ça», a-t-il poursuivi, en tentant tant bien que mal d'afficher un air sérieux.

Les pompiers appuyaient ainsi leur collègue congédié pour avoir proféré des menaces «inqualifiables» et «extrêmement graves» envers un cadre. Le pompier aurait appelé au domicile de son chef l'automne dernier et lui aurait laissé le message incriminant sur son répondeur. Le Service de sécurité incendie n'a pas révélé la nature des menaces. Le pompier de 37 ans a été suspendu le 20 octobre 2008 et, après enquête de la Ville, congédié la semaine dernière.

Cette procédure a soulevé l'ire du syndicat. «Quand il y a des gestes illégaux, l'association n'endosse aucun de ces gestes-là, dit Michel Crevier, président. Pour le geste du monsieur dont on parle, l'enquête n'est même pas terminée, et la Ville a décidé de le congédier.» Le fait que les menaces aient été enregistrées sur le répondeur ne l'émeut guère. «Il y a des événements qui se sont passés, mais il n'y a personne qui est reconnu coupable. L'enregistrement, il n'y a personne qui l'a entendu. C'est du ouï-dire pour moi.»

Sans convention collective depuis 2006, les 2300 pompiers de Montréal sont en arbitrage avec la Ville depuis avril 2008. Selon le président du syndicat, compte tenu de la lenteur des travaux, il est peu probable que l'arbitre rende une décision avant 2012.