La ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, s'est dite prête, hier, à imposer un concept pour une desserte en transports en commun sur le boulevard Pie-IX, dans l'est de Montréal, si les autorités municipales et les sociétés de transport concernées n'arrivent pas à s'entendre sur un projet commun d'ici juin.

Plus de six ans après l'interruption «temporaire» du service d'autobus express qui transportait plus de 8000 passagers par jour sur ce grand boulevard, en périodes de pointe seulement, la ministre Boulet a déclaré hier, au terme d'un déjeuner-bénéfice où elle était conférencière d'honneur, qu'elle avait demandé à voir d'ici juin les divers concepts et les projets élaborés, au fil des ans, par la Société de transport de Montréal (STM) et l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

 

Au président de l'association Transports 2000 Québec, Luc Gagnon, qui présentait Pie-IX comme l'un des six projets prioritaires pour les transports collectifs, au Québec, la ministre a affirmé que «nous aussi, on y tient». Mme Boulet a ajouté que des mandats ont déjà été confiés à son sous-ministre pour la région de Montréal, Jacques Gagnon, ainsi qu'au directeur général de la Ville de Montréal, Claude Léger, pour tenter une ultime fois de rapprocher la STM, l'AMT, et les Villes de Montréal et Laval.

«Ils ne s'entendent pas», a reconnu hier la ministre Boulet, en parlant des sociétés de transports et des villes concernées par le projet. Elle a ajouté qu'elle «veut un projet en juin», et que son ministère pourrait l'imposer aux partenaires municipaux, et à l'AMT - qui relève de son cabinet - s'il n'y a toujours pas d'entente entre les parties, d'ici là.

Le boulevard Pie-IX est l'une des plus importantes artères de circulation nord-sud à Montréal. En territoire montréalais, il court du boulevard Gouin, qui longe la rivière des Prairies, jusqu'à la rue Notre-Dame, en bordure du fleuve Saint-Laurent. L'artère compte six voies de circulation, trois dans chaque direction, et se prolonge, par le pont du même nom et l'autoroute 25, jusqu'au croisement de l'autoroute 440, à Laval.

Les services d'autobus réguliers de la STM (ligne 139) et Express (R-505) sont fréquentés quotidiennement par plus de 43 000 usagers. C'est plus que n'importe lequel des trains de banlieue de la métropole.

Jusqu'en 2002, un service d'autobus circulant à contresens du trafic, au centre du boulevard, durant les périodes de pointe, desservait plus de 8000 personnes par jour. Ces services ont été interrompus «temporairement» après la mort de deux piétons happés par l'autobus. Une enquête du coroner avait ensuite démontré que l'infrastructure n'était pas en cause dans le décès de ces personnes, mais que l'implantation des mesures de sécurité et de prévention était nécessaire pour empêcher d'autres tragédies semblables.

La voie réservée n'a toutefois jamais été remise en service, en raison du désaccord entre la STM, l'AMT et la Ville de Montréal sur la forme, l'ampleur et même sur le mode de transport (bus ou tramway) qui pourrait, un jour, y circuler.

Des fonds pour l'AMT

La ministre Boulet a par ailleurs nié, hier, les informations publiées par La Presse, voulant que les crédits prévus de 1,1 milliard de dollars, pour le développement des transports en commun au Québec, ne prévoyaient aucune somme pour améliorer les infrastructures de chemin de fer, sur lesquelles roulent les trains de banlieue de l'Agence métropolitaine de transport.

«Lorsque j'ai demandé un plan au président de l'AMT pour régler les problèmes actuels sur les trains de banlieue, je me doutais bien que les solutions proposées auraient un coût, a-t-elle déclaré hier. Dès que les projets d'amélioration qui nous ont été soumis seront prêts, nous allons aider l'AMT.»

La ministre a toutefois reconnu que les demandes budgétaires de 152 millions de l'AMT, qui permettraient de financer des travaux majeurs de modernisations des chemins de fer métropolitains, sont arrivées trop tard pour les intégrer aux budgets d'investissement de 2009 du Ministère.

Si certains projets sont prêts à démarrer dès cette année, la ministre a assuré qu'on empruntera sur les montants d'investissements prévus l'an prochain, pour rétablir au plus vite la fiabilité de ce réseau de transports en commun qui, jusqu'en janvier était considéré comme l'un des plus fiables, dans la métropole.