Le projet du sénateur Claude Massicotte de construire une salle de pari dotée de 300 appareils de loterie vidéo (ALV) sur les terrains de l'hippodrome de Montréal se heurte à un premier obstacle de taille: la colère des résidants et des élus municipaux, qui ont entrepris de se mobiliser pour lui barrer la route.

Le conseiller municipal de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Marvin Rotrand, a envoyé dès lundi matin une lettre aux députés de l'Assemblée nationale des circonscriptions limitrophes (Pierre Arcand, Raymond Bachand, Kathleen Weil et Lawrence Bergman). Il les exhorte à s'opposer à la demande du propriétaire d'Attractions hippiques, Claude Massicotte. «C'est l'ensemble du plan d'urbanisme de la Ville de Montréal qui est remis en question par un tel projet», peut-on lire dans la missive. «Je demande votre aide pour assurer que non seulement le gouvernement du Québec déménage la piste de course, mais ferme toutes les activités liées aux jeux de hasard.»

 

La position du maire de l'arrondissement, Michael Applebaum, est tout aussi tranchée: «Ce projet est inacceptable», a-t-il déclaré à La Presse, hier. «Ça fait des années qu'on travaille à un projet résidentiel sur ce terrain, il faut que l'hippodrome parte, un point c'est tout, pas qu'il soit remplacé.»

Le simple fait que Québec étudie le projet du sénateur Massicotte inquiète Michael Applebaum. Les règles d'urbanisme de l'arrondissement interdisent officiellement l'ouverture d'une salle de jeu et ne permettent l'exploitation de bars que rue Saint-Jacques, entre le boulevard Grand et le début de la municipalité de Sainte-Anne-de-Bellevue. «Notre problème, c'est que même si ça ne respecte pas nos règlements, Québec aurait le droit de nous l'imposer», dit-il.

Le maire Applebaum a donc lui aussi écrit au ministre responsable du Développement économique, Raymond Bachand, pour lui faire part de son désaccord. Sa missive est restée sans réponse à ce jour.

45 organismes manifestent

Mais parce qu'il estime que «le message doit être entendu», Michael Applebaum appuie l'initiative de quelque 45 organismes regroupés dans le Conseil communautaire Côte-des-Neiges. Demain, en conférence de presse, ils dénonceront le projet de relance d'Attractions hippiques du sénateur Massicotte. Ils ont convaincu le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Montagne et la corporation de développement économique communautaire de Côte-des-Neiges de s'unir à leur cause.

«Les impacts d'une telle concentration d'ALV seraient terribles. On permettrait à beaucoup de gens de perdre beaucoup d'argent, ce n'est pas de ça qu'on a besoin pour aider la population», dénonce Denyse Lacelle, coordonnatrice du Conseil communautaire Côte-des-Neiges.

Le Conseil et les élus municipaux souhaitent la construction, sur le terrain de l'actuel hippodrome, de quelque 2500 logements à loyer modique. Selon Mme Lacelle, le secteur compte 40% de personnes à faible revenu qui consacrent plus du tiers de leur revenu à se loger. «Pouvez-vous imaginer une autre grande ville que Montréal qui ne profite pas d'un terrain aussi grand, aussi bien situé, près des métros, de l'aéroport? Il faut bouger!» insiste aussi Marvin Rotrand.

Le conseil des ministres se penchera sur la question à sa prochaine rencontre hebdomadaire. Vendredi, la juge Chantal Corriveau, de la Cour supérieure du Québec, a accepté de prolonger jusqu'au 9 mars la protection accordée au propriétaire d'Attractions hippiques en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.