L'été dernier, Mai Thi et son conjoint ont vendu leur appartement du centre-ville de Montréal pour s'installer à Vaudreuil. Mai Thi avait accouché de son deuxième garçon trois semaines plus tôt. Mais qu'importent les tracas du déménagement, c'est en banlieue que la jeune maman avait choisi d'élever sa famille.

«Au début, on voulait acheter une maison à Montréal, mais c'était hors de prix», confie la femme de 33 ans. Le couple a opté pour la MRC de Vaudreuil-Soulanges pour l'accès à la propriété, mais aussi pour ses espaces verts et les nombreuses familles qui y vivent.Tout comme Mai Thi et son conjoint, les Montréalais ont été encore une fois nombreux à quitter la métropole l'an dernier pour s'installer en banlieue, révèle une étude de l'Institut de la statistique du Québec publiée hier. Entre juillet 2007 et juin 2008, Montréal a perdu 21 465 habitants au profit d'autres régions québécoises. La population de la métropole continue toutefois de croître en raison de l'immigration et des naissances.

«À Montréal, le nombre de sorties dépasse le nombre d'entrées (entre régions) par plus de 20 000 pour une sixième année consécutive» (voir le tableau ci-après), a constaté Jean-François Lachance, démographe à l'Institut de la statistique du Québec et auteur de l'étude. Les groupes d'âge associés aux familles (0-14 ans et 25-44 ans) sont les plus touchés, note M. Lachance.

Étalement urbain

«Ces plus récentes données démontrent que l'étalement urbain se poursuit dans la région de Montréal, observe Jean-François Lachance. La population continue de se redistribuer sur une plus grande surface.»

Les régions adjacentes, plus particulièrement les deuxièmes couronnes, sont les grandes gagnantes du flux migratoire entre les régions, avec des gains nets de 18 400 résidants. En tête de peloton figurent les MRC de Vaudreuil-Soulanges (+2,19%), Mirabel (+2,11%) et des Moulins (+1,90%).

Les banlieues immédiates souffrent aussi de l'étalement urbain. Longueuil a perdu près de 500 résidants au profit d'autres régions l'an dernier. À Laval, les jeunes adultes (20-29 ans) ont été plus nombreux à quitter la ville qu'à s'y installer en 2007-2008.

La responsable de la famille au comité exécutif de la Ville de Montréal, Mary Deros, ne s'inquiète pas outre mesure de l'exode des familles montréalaises. «Il y a une certaine préoccupation, mais la croissance de la métropole est assurée par les naissances et l'immigration», dit-elle.

La population de la métropole a crû de 2,3% entre 2001 et 2006, selon les recensements de Statistique Canada. La métropole compte aujourd'hui 1,9 million d'habitants.

Mary Devos a également rappelé que la Ville a adopté en 2007 un plan d'action pour les familles. En novembre dernier, Montréal a augmenté de 2500$ la subvention pour l'accès à la propriété des ménages avec enfant, ajoute-t-elle. Celle-ci atteint aujourd'hui 10 000$.

L'exode des régions diminue

Par ailleurs, l'étude de l'Institut de la statistique du Québec révèle que les régions éloignées continuent de perdre des résidants au profit des grandes villes. Les pertes sont toutefois moins importantes que les années antérieures, note M. Lachance.

Le Saguenay-Lac-Saint-Jean a perdu 400 résidants, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, 300, le Nord-du-Québec, 300, la Côte-Nord, 900, et l'Abitibi-Témiscamingue, 400.

Solde migratoire interrégional à Montréal

2007-2008: -21 465

2006-2007: -23 827

2005-2006: -22 730

2004-2005: -22 800

2003-2004: -24 100

2002-2003: -20 406

2001-2002: -14 830

2000-2001: -5200

1999-2000: -2500

1998-1999: -1200

Source: Institut de la statistique du Québec.