La version préliminaire d'un vaste projet immobilier à l'emplacement des anciens ateliers ferroviaires du CN, à Pointe-Saint-Charles, a reçu un accueil poli des organisations communautaires, hier, lors d'une consultation publique. Mais plusieurs citoyens ont exprimé leur méfiance tant à l'égard de l'ambitieux projet que du propriétaire du terrain, la firme Mach.

Après plusieurs mois d'échanges avec les groupes sociaux, l'Agence métropolitaine de transport (AMT), le promoteur résidentiel Samcon ainsi que Mach ont présenté les trois volets du projet devant plusieurs dizaines de résidants du quartier.

 

L'exploitant des trains de banlieue souhaite bâtir un centre d'entretien pour locomotives et wagons sur la moitié des terrains, pour la plupart désaffectés. Samcon veut ériger 1000 logements, dont le quart seraient à loyer modique. Mach, propriété de l'avocat et homme d'affaires Vincent Chiara, souhaite pour sa part attirer des entreprises industrielles dans les bâtiments abandonnés par le CN.

L'AMT et Mach estiment que le volet industriel du projet entraînera la création de 300 emplois.

Les audiences, pilotées par l'Office de consultation publique de Montréal (OPCM), ne permettent pas aux citoyens de se prononcer sur le projet comme tel, mais sur une ébauche concoctée par les promoteurs en collaboration avec les groupes communautaires. Les élus municipaux devront ensuite décider s'ils acceptent de modifier le zonage afin de permettre le début des travaux. L'ébauche finale sera enfin soumise à une seconde consultation publique.

Mais déjà, le projet en trois volets suscite l'opposition. Plusieurs citoyens refusent que le parc de la Congrégation soit déplacé, comme le souhaite Mach. Le promoteur souhaite aménager une rue dans ce petit espace vert situé près de la rue Wellington, afin d'accueillir les camions lourds qui transitent par les rues résidentielles pour atteindre la zone industrielle.

«Tout le monde m'a dit la même chose: si tu vas parler, tu leur dis: touche pas à notre parc», a clamé Natasha Alexandrov, qui a été chaudement applaudie.

Action-Gardien, qui regroupe 25 organismes communautaires, estime que le volet résidentiel doit comporter plus de logements sociaux. La porte-parole Blandine Charbonneau souhaite que 40% des logements soient à loyer modique, la même proportion que dans le reste du quartier.

«Comme le promoteur propose moins, pour nous, c'est insuffisant», a-t-elle affirmé.

Mais d'autres groupes se montrent beaucoup plus enthousiastes face à l'aménagement des terrains du CN. «Le pourcentage de logements communautaires, pour nous, c'est un gain», a indiqué Édith Cyr, de l'organisme Bâtir son quartier, voué à la promotion de l'habitation communautaire.

Pierre Morrissette, directeur général du Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RÉSO), a pour sa part salué le retour de l'industrie ferroviaire dans le secteur. Cette activité industrielle avait disparu après la fermeture de l'usine d'Alstom, en 2003.

Le projet mènera à «l'amélioration générale de la qualité de vie des résidants du quartier», a indiqué M. Morrissette.

La mise en valeur de l'immense terrain industriel a été au centre de rumeurs et de revendications de tous genres, depuis que M. Chiara en a fait l'acquisition, en 2006, pour la somme symbolique de 1$. En contrepartie, il s'est engagé à le décontaminer, un investissement de plusieurs millions de dollars.

Sa firme, Mach, espère que le processus de consultation permettra d'atténuer l'opposition des citoyens de Pointe-Saint-Charles, qui se sont vigoureusement opposés à différents projets dans le passé.

«On va avoir éliminé la plupart des irritants du milieu, a expliqué le vice-président de la firme, Pierre-Jacques Lefaivre. C'est sûr qu'il va toujours y avoir des gens qui ne seront pas contents. Certains voudront une salle communautaire de 150 000 pieds carrés, mais ça ce n'est pas possible.»