Le «plan de redressement» des services de train de banlieue de la métropole, annoncé dimanche par l'Agence métropolitaine de transport (AMT), n'a donné encore aucun résultat concret.

Il n'y a toujours pas de places dans les trains, les retards continuent de se multiplier et les personnes qui attendent sur les quais ne sont pas informées de ces délais de service, selon les témoignages de nombreux usagers de ces services régionaux de transports en commun, utilisés quotidiennement par environ 60 000 personnes.

 

En dépit d'une hausse du taux de ponctualité des trains, qui reste très loin en deçà des indices normaux des dernières années, les usagers des trains de l'AMT sont toujours ulcérés par les retards répétés et par l'inconfort de trains trop pleins où ils ont peine à tenir debout.

Lundi matin, une panne de locomotive a entraîné des retards allant jusqu'à 40 minutes sur la ligne de train de Dorion-Rigaud, à l'ouest de l'île de Montréal.

Cafouillages

Encore hier, trois des cinq départs de pointe en direction du centre-ville de la métropole, sur la ligne train de Deux-Montagnes qui dessert la banlieue nord et l'ouest de l'île de Montréal, ont accusé des retards de 10 à 20 minutes, selon des données de l'AMT. Mais le système de communications qui permet normalement de transmettre cette information aux usagers, sur les quais de gare, est demeuré muet.

Un usager régulier de ce train de banlieue, joint par La Presse hier, en fin de journée, a déclaré qu'il s'était finalement résolu à prendre son automobile afin de se rendre au travail, après avoir attendu 50 minutes en vain, hier matin, pour monter dans un train à la gare Du Ruisseau, dans le nord de Montréal. Pendant cette période, deux trains sont passés (en retard). Mais il n'y avait aucun moyen d'y monter parce que les passagers formaient un mur humain infranchissable, à l'entrée de chaque voiture.

«Je suis donc arrivé au bureau avec 70 minutes de retard, et j'ai dû payer 15$ pour le stationnement, a affirmé cet usager, qui a demandé que son nom ne soit pas publié. Étant donné que je paie près de 100$ pour une passe mensuelle de train, je commence à en avoir assez de ne pas pouvoir le prendre.»

Ania Kazi, résidante de Roxboro qui a recueilli près de 900 signatures sur une pétition réclamant le maintien d'un départ quotidien à partir de cette gare de l'ouest de l'île de Montréal, a aussi noté que de plus en plus d'usagers qui se plaignent par écrit des services de l'AMT songent à abandonner ces services.

La semaine dernière, après une séquence catastrophique d'erreurs et de pannes de toutes sortes, qui ont provoqué des retards et même des annulations de services sur les cinq lignes de trains de banlieue de la métropole, l'AMT a fait des excuses publiques à sa clientèle. L'agence provinciale a aussi présenté les grandes lignes d'un «plan de redressement», pour corriger le tir.

Selon des données obtenues hier par La Presse, le taux de ponctualité des trains sur la ligne de Deux-Montagnes -qui génère la moitié de la clientèle du réseau à elle seule- a grimpé cette semaine à 86%, en trois jours, en hausse de 10% par rapport à la semaine dernière. Le train de Deux-Montagnes, reconstruit à neuf au coût de 300 millions il y a 12 ans, conservait jusqu'à tout récemment un taux de ponctualité presque parfait de 98%.

Quant à la ligne Dorion-Rigaud, qui a vu un de ses trains être aiguillé sur une mauvaise voie la semaine dernière et où deux pannes de locomotives se sont produites en une semaine, son taux de ponctualité serait cette semaine de 91%, en hausse de 13% par rapport à la semaine dernière, selon l'AMT.

Question de temps

En entrevue à La Presse hier, la vice-présidente aux communications de l'AMT, Marie Gendron, a reconnu que la plupart des nombreuses plaintes reçues sont fondées, mais qu'il faut laisser un peu plus de temps pour que les mesures annoncées dans le plan de redressement prennent effet.

Une majorité des usagers joints par La Presse ont attribué ces problèmes à répétition à la mise en place d'un programme d'«améliorations des services» de 13,6 millions.

La mise en place de ce programme, qui a permis l'ajout de 76 départs par semaine dans l'ensemble du réseau depuis le 12 janvier dernier, a coïncidé avec le début de la série noire qui mine l'efficacité et la réputation des services d'AMT, depuis la semaine dernière.

Mme Gendron a précisé que l'agence prend bonne note des commentaires reçus des usagers sur ces nouveaux horaires, qui font présentement l'objet d'une réévaluation à l'AMT. Mme Gendron a promis que les usagers seront consultés avant tout nouveau changement - ce que l'AMT n'a pas fait, avant l'implantation des services améliorés du 12 janvier.