Les incendies de forêt en Abitibi-Témiscamingue ont forcé le déplacement de plus de 1000 animaux de ferme, surtout bovine, a indiqué jeudi l’Union des producteurs agricoles, qui réclame au gouvernement Legault un programme de dédommagement « simple et rapide ».

L’UPA de l’Abitibi-Témiscamingue a fait le point jeudi sur l’évacuation d’animaux surtout en Abitibi-Ouest où des incendies de forêt font rage. L’organisation rapporte le déplacement de 1085 vaches, veaux et taureaux depuis dimanche, dans six fermes. On compte aussi des chèvres, des moutons, des poules et des porcs.

La totalité des bêtes a trouvé refuge dans des sites établis dans un rayon de 100 km, selon le président de la fédération régionale de l’UPA, Pascal Rheault.

« Les producteurs bovins ont pas mal tous leurs équipements pour transporter les animaux et on a eu quand même l’aide d’un transporteur [commercial] de grande envergure qui a accepté d’embarquer dans l’équipe », a expliqué M. Rheault, évoquant une opération complexe.

Mathieu Dumont a contribué à organiser le déplacement des bêtes. « Depuis dimanche soir, à aller jusqu’à 10 heures hier soir, on a évacué pas non-stop mais presque », relate M. Dumont, lui-même producteur bovin. « On est habitué, quand on vient de ce milieu-là, ce n’est pas un problème pour nous […] c’est une logistique, mais ça se fait bien », illustre-t-il.

Il craint néanmoins pour la santé des plus jeunes animaux. Selon M. Dupont, les bêtes ont été déplacées dans des environnements sains, mais elles ont été entassées quelques heures lors des transports. « Ça n’aide pas. Si on est chanceux, les producteurs n’auront pas de problèmes, mais il y a un risque », explique-t-il.

Il y a des vaches qui ont vêlé sur les nouveaux sites alors, on va avoir de très jeunes veaux qui ont la santé un peu moins solide, ça peut entraîner des maladies […] et il peut y avoir également des avortements chez des vaches.

Mathieu Dumont, producteur bovin

Le ministre de l’Agriculture a rappelé jeudi qu’une cellule de crise est en place depuis le 2 juin pour accompagner les producteurs. « Tous les agriculteurs qui peuvent avoir des difficultés, sont contactés puis, sont pris en charge, sont accompagnés, mais on s’entend que ce sont des situations qui ne sont pas évidentes, mais, il y a du transport, du déménagement qui s’organisent, on est prêt », a indiqué André Lamontagne.

Dédommagement demandé

L’UPA demande par ailleurs au gouvernement Legault la mise en place d’un programme de dédommagement pour l’évacuation du bétail. « On est en lien avec le gouvernement pour un programme simple et rapide pour supporter [les coûts] du transport et l’achat du foin. […] Le diesel notamment, les transporteurs ont pris ça sur eux, ils ont payé le diesel », explique M. Rheault.

Il ajoute que c’est un nouveau coup dur pour l’industrie déjà secouée par la sécheresse. « Ce n’est déjà pas facile […] il y a des entreprises qui trouvent ça extrêmement difficile. Ces incendies de forêt là, ça ne nous aide vraiment pas, le moral des producteurs est difficile », ajoute M. Rheault.

Pour l’instant, aucune ferme laitière n’est menacée, selon M. Rheault. « Si on en arrive là, ça serait une autre sorte de gymnastique, explique-t-il, faisant référence à la traite qui demande une certaine organisation et de l’équipement. On se croise les doigts pour que les feux soient contenus avant. »

Avec La Presse Canadienne