Les Septiliens, évacués depuis cinq jours en raison des incendies de forêt menaçants, peuvent rentrer à la maison. Mais l’ouest du Québec, où la pluie se fait attendre, doit se préparer à d’autres évacuations, et un important bâtiment d’Hydro-Québec au nord de Baie-Comeau est menacé par les flammes.

Les résidants de plusieurs secteurs de Sept-Îles, qui ont dû quitter leur maison vendredi après-midi en raison des feux qui s’étaient dangereusement approchés de la municipalité, ont pu regagner leur domicile mardi, a annoncé le maire de la ville, Steeve Beaupré. Mardi matin, les autorités ont jugé que les brasiers ne présentaient plus un danger. Le feu numéro 215 à proximité du lac des Rapides n’est plus menaçant, a dit le maire, tandis que l’incendie numéro 378 a évolué vers le nord.

« Mais je tiens à préciser que le combat est loin d’être terminé. Le feu de la rivière Moisie Nipissis est toujours imposant et actif. Il pourrait le demeurer pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, ce qui signifie que nous pourrions être dans l’obligation d’évacuer certains secteurs de Sept-Îles à nouveau », a déclaré M. Beaupré.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault (au centre)

Mais le premier ministre François Legault avait d’autres mauvaises nouvelles à annoncer. « On est, très très contents voir la pluie. On aimerait ça que ce soit la même chose en Abitibi », a-t-il laissé tomber lors d’un point de presse à Sept-Îles, où il a fait le point sur la situation des incendies de forêt au Québec.

En bref :

  • L’immense feu de la rivière Moisie, qui menaçait Sept-Îles, va prendre « des semaines » avant d’être éteint complètement, ce qui pose des problèmes pour la minière IOC et la communauté de Schefferville en raison de l’arrêt du service ferroviaire.
  • La SOPFEU a dépêché deux avions-citernes au poste d’Hydro-Québec de Micoua, au nord de Baie-Comeau, une « infrastructure stratégique » qui permet d’alimenter en énergie les grands centres par les lignes du corridor Manic‑Québec. Le feu est à 5 km des installations, qui sont toutefois protégés par une rivière et un lac.
  • L’absence de pluie dans l’ouest du Québec inquiète toujours le gouvernement, qui se prépare à plus d’évacuation
  • Des tranchées sont en train d’être construites pour protéger la ville de Chibougamau, et des avions-citernes ont été envoyés à Chisasibi, en Eeyou Istchee, où la situation est « inquiétante ».

Le premier ministre est également revenu sur les propos de la veille : le village forestier de Clova situé en Haute-Mauricie n’a pas brûlé. « Ce que la SOPFEU nous dit, c’est que le feu est trop intense pour avoir des avions là-bas. Mais on nous dit que pour l’instant, les maisons ne sont pas affectées », a-t-il dit.

Il a également affirmé que son gouvernement analysait la possibilité de mettre en place un programme d’indemnisation pour les gens qui sont déplacés à long terme. Plusieurs milliers de Québécois sont toujours sous ordre d’évacuation.

Le maire Beaupré a également demandé aux citoyens de rester vigilants. « Même si le danger immédiat est écarté, la vigilance restera de mise au cours des prochaines semaines », a-t-il ajouté.

Le maire a expliqué que les infrastructures névralgiques, comme l’usine d’eau et les tours de communication, ne sont plus en danger. La pluie, qui a commencé pendant la nuit, a donné un coup de main aux pompiers, a-t-il ajouté. Plusieurs millimètres, jusqu’à 50, sont prévus d’ici la fin de semaine.

La pluie ne suffira pas

La ministre responsable de la région, Kateri Champagne Jourdain, a confirmé que les conditions météorologiques ont joué un rôle important dans la levée des avis d’évacuation.

« Ça va beaucoup mieux ce matin », a-t-elle dit, sur un ton de soulagement. « La pluie qui est arrivée au cours de la nuit a changé la donne considérablement. » « Mais il faudra rester prudent et aux aguets dans les prochaines semaines et pendant tout l’été », a-t-elle nuancé.

Joël Sauvé, directeur du service d’incendies à Sept-Îles, a d’ailleurs souligné que les précipitations ne pourront pas venir à bout des trois incendies autour de Sept-Îles à elles seules.

« Ça va prendre du travail au sol dans les prochains jours, fait par la SOPFEU et par les membres des Forces armées. […] C’est une combinaison de facteurs qui va nous permettre de dire, dans quelques semaines ou quelques mois, que le feu est maîtrisé. Mais ça ne sera pas seulement la pluie », a-t-il dit.

L’un des trois brasiers autour de la ville a été causé par une étincelle provenant de la friction entre un train et un chemin de fer. La cause des deux autres incendies est toujours inconnue. « Il n’est pas impossible, compte tenu de la situation actuelle, que la foudre nous refasse un autre feu après une journée ensoleillée. Beaucoup de feux qui font rage en ce moment ont été causés par la foudre des derniers jours », a ajouté M. Sauvé.

Les écoles de Sept-Îles, qui étaient fermées lundi et mardi, devraient rouvrir mercredi.