Près de 140 incendies de forêt demeurent actifs au Québec, dont les deux tiers ne sont pas maîtrisés. Menacées par le feu, de nouvelles communautés ont été évacuées, samedi. Ailleurs, des résidants ont été autorisés à rentrer chez eux. Survol des régions touchées par les brasiers.

Val-d’Or

La ville de Val-d’Or a déclaré l’état d’urgence, samedi soir. La mauvaise qualité de l’air et deux incendies non maîtrisés situés à proximité forcent l’évacuation des secteurs de Louvicourt, du lac Wyeth, du lac Guéguen, du lac Matchi-Manitou et du lac Villebon.

Pour l’instant, le centre-ville de Val-d’Or n’est pas menacé par les incendies.

« En raison des dangers existants, les personnes se trouvant dans les secteurs mentionnés doivent obligatoirement évacuer les lieux à compter du samedi 3 juin 2023 à 19 h, et ce, pour une période indéterminée », a annoncé la Ville dans un communiqué.

Par ailleurs, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts a élargi la zone visée par l’interdiction de circuler en forêt annoncée vendredi à une vaste partie du territoire québécois.

« Cette décision a été prise en raison des risques importants d’allumage de nouveaux feux et afin de faciliter les interventions de la [Société de protection des forêts contre le feu] », a indiqué samedi soir le Ministère dans un communiqué.

Lebel-sur-Quévillon

Guettée par le feu, la municipalité de Lebel-sur-Quévillon, à 650 kilomètres au nord de Montréal, était sur le qui-vive, samedi.

En début de journée, les autorités craignaient que les vents poussent le brasier vers la communauté. L’usine de pâte Nordic Kraft suscitait particulièrement l’inquiétude. Des asperseurs avaient été installés afin d’éviter que les flammes ne touchent les substances qui y sont entreposées. Une vingtaine de pompiers forestiers et deux avions-citernes luttaient contre l’incendie.

Pour l’instant, le pire semble avoir été évité. En fin de journée, la municipalité s’attendait à une nuit « calme ». « La progression est lente. Le feu est relativement stationnaire avec beaucoup de fumée », a-t-elle communiqué sur Facebook.

« Toutes les infrastructures présentes sur le territoire de la municipalité de Lebel-sur-Quévillon, incluant l’usine Nordic Kraft, sont intactes », a confirmé la Ville.

Situé dans le Nord-du-Québec, l’endroit est presque désert depuis l’évacuation de ses 2000 citoyens, vendredi soir.

En conférence de presse samedi, le maire de Lebel-sur-Quévillon, Guy Lafrenière, a remercié la population pour sa collaboration pendant les évacuations. Un peu plus tôt, il avait indiqué à La Presse qu’une vingtaine de résidants refusaient de quitter la municipalité. « On est sur ces cas-là, on essaie de les convaincre de partir aujourd’hui, avait-il affirmé. C’est très peu. Les 2000 premiers évacués, ça s’est super bien passé hier. »

Par courriel, Bell indique que les incendies de forêt qui s’abattent dans le secteur de Lebel-sur-Quévillon mettent à risque les infrastructures filaires et cellulaires « ce qui pourrait entraîner des interruptions de certains services de télécommunications dans les communautés de Miquelon et Waswanipi, Chapais, Chibougamau, Mistissini, Ouje-Bougoumou, Secteur La Cache, Secteur Lac Opemiska et Secteur La Trêve. »

Lac-Simon

C’était au tour de Lac-Simon, en Abitibi-Témiscamingue, d’être évacué, samedi. Le chef de la communauté autochtone, Lucien Wabanonik, a lancé un avis d’évacuation pour tous les résidants samedi matin en raison de la toxicité et de la densité de la fumée dans l’air.

Sur Facebook, il a demandé à la population de préparer l’essentiel nécessaire pour 48 heures en cas d’évacuation. « Nous allons livrer bataille contre ce feu. Nous mobilisons [des] équipements lourds pour [créer] des buffers derrière les maisons. Nous faisons le maximum pour protéger nos habitations », a-t-il ajouté.

Déjà, vendredi soir, les hôtels de Val-d’Or étaient pleins et la priorité avait été donnée aux aînés et aux personnes malades, avait indiqué le chef Lucien Wabanonik.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK D’ANIK BOUDREAULT

Un avion survolant Lebel-sur-Quévillon

Chapais

Ailleurs, des résidants évacués depuis plusieurs jours ont eu l’autorisation de rentrer à la maison. À Chapais, dans le Nord-du-Québec, le brasier est désormais contenu.

La population a applaudi la mairesse Isabelle Lessard lorsqu’elle a annoncé samedi matin en conférence de presse que les habitants pourraient rentrer chez eux. Environ la moitié des résidants de la municipalité sont évacués depuis mercredi soir.

La nuit a été favorable à Chapais, a indiqué Mme Lessard. Le travail pour bloquer les incendies – une ligne d’arrêt mécanisée – était en voie d’être terminé. Or, la vigilance et la prudence sont toujours de mise, a souligné la petite municipalité. Ainsi, il demeure interdit de circuler en forêt et de faire des feux à ciel ouvert.

Abitibi-Témiscamingue

La population des MRC de la Vallée-de-l’Or et d’Abitibi a reçu samedi la consigne de se confiner jusqu’à dimanche matin, en raison de la fumée des incendies de forêt qui font rage dans la région.

Les habitants sont invités à rester à l’intérieur de leur résidence avec leurs animaux de compagnie. Ils sont aussi priés de fermer les fenêtres et de limiter les échanges d’air avec l’extérieur, de ne pas laisser les personnes vulnérables seules et d’éviter toute activité physique intense.

Dans le reste du Canada

Au total, pas moins de 40 000 personnes ont été évacuées au pays en raison des incendies de forêt qui continuent de faire rage d’un bout à l’autre du Canada. « C’est critique, c’est sérieux », a tonné le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, en point de presse samedi après-midi.

Près de 30 000 kilomètres carrés ont brûlé jusqu’à maintenant, soit « 10 fois plus que la moyenne de chacune des 10 dernières années ». « Nous faisons face depuis plusieurs semaines à des incendies de forêt d’une ampleur inégalée », a souligné le député de Québec.

Heureusement, la situation s’améliore dans certaines provinces. L’Alberta a annoncé qu’il mettait fin samedi à l’état d’urgence, décrété au début mai. Pour autant, la province continuera d’utiliser toutes les ressources nécessaires pour lutter contre les brasiers qui brûlent toujours, en particulier dans le nord du territoire. Au total, 57 incendies de forêt demeurent actifs, dont 16 ne sont pas maîtrisés.

Dans l’est du pays, l’incendie majeur qui a forcé l’évacuation de milliers de personnes au cours de la dernière semaine près d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, est désormais maîtrisé à 85 %. Les efforts de lutte contre le brasier, combinés au retour de la pluie, expliqueraient la bonne nouvelle.