Baie-Saint-Paul a été coupée en deux à la suite d’une crue historique, lundi. Près de 1000 personnes se retrouvent isolées et deux pompiers sont portés disparus.

(Baie-Saint-Paul) « Un chalet est parti dans le courant et en a frappé deux autres », raconte Paul Labbé, pour témoigner de la force des rivières, gonflées par la pluie et la fonte des neiges, qui a surpris les résidants de Charlevoix lundi. Une crue historique a scindé Baie-Saint-Paul en deux, isolant 1000 personnes, tandis que deux pompiers emportés par les eaux sont toujours portés disparus en amont, à Saint-Urbain.

« On n’a jamais vu autant d’eau », laisse tomber Paul Labbé, copropriétaire avec son frère du camping Le Genévrier, rencontré à quelques pas de la route 138 éventrée où un poteau de téléphone se faisait secouer comme une bouée par la rivière des Mares.

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Paul Labbé, copropriétaire du camping Le Genévrier

« La rivière fluctue quand même beaucoup lorsqu’il y a de gros orages, on la voit monter de façon rapide, mais pas comme aujourd’hui. Ça, c’est du jamais vu », a lâché, au bout du fil, son frère Bruno Labbé, plus tôt en après-midi.

Quelques heures à peine auparavant, au moins deux roulottes emportées par le débit cauchemardesque de la rivière des Mares, qui traverse le camping, se sont fracassées sur le pont de la route 138 qui l’enjambe et permet normalement de rejoindre la Côte-Nord depuis Québec.

« Vers le milieu de l’avant-midi, on a vu qu’on aurait des problèmes, que le niveau montait comme on ne l’avait jamais observé, que les installations allaient être menacées, a relaté Bruno Labbé, qui exploite cet établissement familial depuis 60 ans. [La rivière] a commencé à déborder vers 12 h 30, et vous voyez, on a encore une grande partie du camping. »

Coupée en deux

À cet endroit, où la rivière des Mares croise la route 138, cette dernière « s’est littéralement déchirée », emportée par les flots, a fait savoir le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, lors d’un point de presse, quelques heures après avoir déclenché les mesures d’urgence dans sa ville, vers midi, lundi.

  • Baie-Saint-Paul a déclenché ses mesures d’urgence lundi en raison des inondations.

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    Baie-Saint-Paul a déclenché ses mesures d’urgence lundi en raison des inondations.

  • L’un des liens routiers reliant le quartier Tremsim au reste de la ville a été emporté par les eaux.

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    L’un des liens routiers reliant le quartier Tremsim au reste de la ville a été emporté par les eaux.

  • Tous les liens routiers qui permettent normalement aux citoyens d’aller et venir entre les deux rives de Baie-Saint-Paul étaient soit submergés, soit fermés de façon préventive.

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    Tous les liens routiers qui permettent normalement aux citoyens d’aller et venir entre les deux rives de Baie-Saint-Paul étaient soit submergés, soit fermés de façon préventive.

  • Près de 1000 personnes se retrouvent isolées, tandis que deux pompiers emportés par les eaux sont toujours portés disparus en amont, à Saint-Urbain.

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    Près de 1000 personnes se retrouvent isolées, tandis que deux pompiers emportés par les eaux sont toujours portés disparus en amont, à Saint-Urbain.

  • Des SAR hélicoptères CH146 Griffon et un avion CC130 Hercules ainsi qu’un navire de la Garde côtière canadienne ont été déployés pour aider la Sûreté du Québec à retrouver les deux pompiers disparus.

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    Des SAR hélicoptères CH146 Griffon et un avion CC130 Hercules ainsi qu’un navire de la Garde côtière canadienne ont été déployés pour aider la Sûreté du Québec à retrouver les deux pompiers disparus.

  • La région risque de devoir patienter avant d’avoir un répit puisqu’en après-midi, lundi, Environnement Canada prévoyait qu’il devait toujours y tomber « un total de 20 à 30 millimètres de pluie » d’ici mardi soir.

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    La région risque de devoir patienter avant d’avoir un répit puisqu’en après-midi, lundi, Environnement Canada prévoyait qu’il devait toujours y tomber « un total de 20 à 30 millimètres de pluie » d’ici mardi soir.

  • En soirée, les pompiers ont procédé à l’évacuation d’une partie de la rue Sainte-Anne, qui borde la rivière du Gouffre jusqu’au quai municipal et la plage.

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    En soirée, les pompiers ont procédé à l’évacuation d’une partie de la rue Sainte-Anne, qui borde la rivière du Gouffre jusqu’au quai municipal et la plage.

  • Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a annoncé qu’il se rendra à Baie-Saint-Paul mardi avec la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, et le ministre des Infrastructures, Jonatan Julien.

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    Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a annoncé qu’il se rendra à Baie-Saint-Paul mardi avec la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, et le ministre des Infrastructures, Jonatan Julien.

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La ville est carrément coupée en deux par la rivière du Gouffre, dont la rivière des Mares est un affluent, a confirmé le directeur de la Sécurité publique de Baie-Saint-Paul, Alain Gravel, depuis l’hôtel de ville. « Une partie de mon équipe est de l’autre côté de la rivière. Ils ne peuvent pas venir ici. Ils évacuent vers Les Éboulements », une autre municipalité située plus à l’est.

Tous les liens routiers qui permettent normalement aux citoyens d’aller et de venir entre les deux rives de Baie-Saint-Paul étaient soit submergés, soit fermés de façon préventive lundi.

De ce fait, plusieurs citoyens ont été forcés de dormir chez des amis, comme les résidants du quartier Tremsim, qui ne pouvaient rentrer à la maison lundi soir.

L’un des ponts qui donnent accès à ce quartier a carrément été arraché par la force de l’eau. L’autre a été abîmé par plusieurs impacts de débris projetés par la rivière. Près de 1000 résidants ont ainsi été isolés. Ces derniers sont toutefois en sécurité, a affirmé le maire Michaël Pilote. Un hélicoptère est disponible en cas d’urgence. 

« Mon compteur électrique est sous l’eau »

Clément Guillou habite du côté est de la rivière du Gouffre. Incapable de regagner son domicile puisque bloqué du côté ouest lorsque La Presse l’a rencontré, il a dû se résigner à se louer une chambre d’hôtel.

« Jamais je n’aurais cru que l’eau pourrait passer le muret », laisse-t-il tomber en référence aux murs qui entourent normalement la rivière au centre de Baie-Saint-Paul. Un ami, Pierre, a voulu leur offrir de les héberger, mais il a perdu le courant. « Mon compteur électrique est sous l’eau », a-t-il lancé.

Le directeur général chez Sentiers Québec-Charlevoix, Justin Verville Alarie, a observé la montée des eaux depuis plusieurs heures. Il parle d’une tempête parfaite. La pluie a frappé les montagnes ceinturant Baie-Saint-Paul, et la neige y est encore bien présente, a-t-il raconté lorsque croisé rue Saint-Jean-Baptiste. « On surveille toujours, et avant-hier, il y avait encore en moyenne un bon mètre de neige en forêt », a-t-il indiqué.

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Justin Verville Alarie, directeur général de Sentier Québec-Charlevoix

Plusieurs citoyens étaient réunis à proximité du pont Leclerc à Baie-Saint-Paul, fermé à la circulation et où des ingénieurs en structure du ministère des Transports étaient sur place lundi après-midi pour évaluer la situation.

En soirée, les pompiers ont procédé à l’évacuation d’une partie de la rue Sainte-Anne, qui borde la rivière du Gouffre jusqu’au quai municipal et la plage.

Deux pompiers manquent à l’appel

Pendant ce temps, à Saint-Urbain, à environ 30 minutes au nord de Baie-Saint-Paul, deux pompiers manquent toujours à l’appel.

Peu avant 14 h, la Sûreté du Québec (SQ) a été informée qu’ils auraient été emportés par les eaux alors qu’ils s’affairaient à aider des résidants aux prises avec les inondations sur le rang Saint-Georges. Ces derniers ont été hélitreuillés et sont sains et saufs, mais les pompiers restent introuvables.

L’accès au secteur est rendu difficile puisque certaines routes ont été coupées, toujours en raison de la crue de la rivière du Gouffre et de certains de ses affluents qui sont sortis de leur lit. Un hélicoptère de la Sûreté du Québec était sur place afin d’aider aux recherches.

Des SAR hélicoptères CH146 Griffon et un avion CC130 Hercules ainsi qu’un navire de la Garde côtière canadienne ont également été déployés sur place pour aider la SQ dans les recherches, a indiqué le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage des Forces armées canadiennes.

Un poste de commandement a également été installé non loin de là par la SQ pour coordonner les efforts de recherche, et les citoyens sont invités à ne pas s’approcher du secteur.

Joint par téléphone, le directeur général de la municipalité, Martin Guérin, a confirmé que plusieurs résidences du village étaient actuellement inondées. « On a demandé à ces gens de quitter pour avoir accès à différents services », a-t-il indiqué en appelant ceux dans le besoin à se rendre au centre communautaire de Saint-Urbain.

La région risque de devoir patienter avant d’avoir un répit puisqu’en après-midi, lundi, Environnement Canada prévoyait qu’il devait toujours y tomber « un total de 20 à 30 millimètres de pluie » d’ici mardi soir.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a d’ores et déjà annoncé qu’il se rendra à Baie-Saint-Paul mardi avec la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, et le ministre des Infrastructures, Jonatan Julien.

D’autres régions en alerte

Plusieurs autres régions du Québec étaient également affectées par la montée des eaux provoquée par la pluie intense des derniers jours. La municipalité de Saint-Côme, dans Lanaudière, a aussi mis en place ses mesures d’urgence lundi et sollicité des volontaires afin de remplir des sacs de sable au moment où le barrage King menace de céder. À Gatineau, la Ville estime qu’un peu plus de 1000 propriétés seront touchées par l’eau et environ 250 bâtiments sont à risque d’être inondés. « La hausse rapide des niveaux d’eau devrait se stabiliser dans les prochaines heures et sera suivie d’une hausse graduelle avant d’atteindre une pointe vers la fin de la semaine », a-t-on précisé, par voie de communiqué. « Ils vont toutefois demeurer élevés pendant plusieurs jours, mais en deçà des niveaux historiques de 2017 et 2019. »