La seule récolte de pêches disponibles commercialement cette année au Québec a malheureusement été pillée, en partie par des animaux, mais aussi par des humains.

Les co-propriétaires du Domaine de Dunham, en Estrie, ont eu toute une mauvaise surprise vendredi dernier lorsqu’est venu le temps de récolter leurs précieux fruits.

« Notre employé qu’on a envoyé cueillir est revenu avec une seule pêche en nous disant : c’est tout ce qu’il y a », soupire la copropriétaire Gisèle Larocque. Des mois de travail se sont ainsi évaporés en l’espace de quelques nuits.

Gisèle Larocque, identifie trois raisons pour expliquer cette triste nouvelle. D’abord, les animaux, surtout des ratons laveurs, auraient pillé de 10 à 15 % des récoltes, soit plus qu’à l’habitude, et ce malgré plusieurs précautions prises pour protéger les pêchers.

Les voleurs « à deux pattes » seraient quant à eux responsables de 15 à 20 % des pertes, estime la cultivatrice. Le fait que ses pêchers soient près de la route aura certainement contribué à ce pillage, ajoute-t-elle.

Et tout cela sans compter les pertes dues aux périodes de sécheresse de l’an dernier qui ont endommagé les bourgeons de plusieurs arbres, d’où une production moindre de pêches cette année.

2200 kilos de pêche

Gisèle Larocque n’envisage pas pour le moment de porter plainte à la police puisqu’il ne s’agit pas selon elle d’un « crime violent ». « C’est dommage parce qu’on travaille tellement fort, tous les agriculteurs, pour arriver à terme, et nos prix sont déjà très bons », soupire la cultivatrice.

Selon l’autre copropriétaire du Domaine de Dunham, Claude Girard, plus de 2200 kilos de pêches avaient été récoltés l’an dernier. Pour répondre à la demande toujours grandissante des clients, quelques 226 nouveaux pêchers et nectariniers avaient aussi été plantés.

Creuser des fossés

Les co-propriétaires envisagent plusieurs solutions afin de protéger leurs futures récoltes de pêches. Cette année aurait été leur quatrième en temps normal, après plusieurs années de dur labeur afin de faire pousser ces pêchers.

S’il est impossible de clôturer entièrement le Domaine en raison de sa grande superficie, Gisèle Larocque estime que creuser des fossés plus profonds tout autour de l’endroit pourrait dissuader les voleurs.

Pour ce qui est des ratons, les co-propriétaires du Domaine de Dunham pensent à installer des pièges afin de sauver leurs précieux fruits la saison prochaine.

Il faut préciser que les pêches du Domaine de Dunham seraient les seules disponibles commercialement au Québec, car plusieurs Québécois ont quand même des pêchers personnels sur leur terrain. Le climat de la province est toutefois peu propice à la culture de ce fruit très répandu dans le sud de l’Ontario.

« On a comme un microclimat à Dunham qui fait que nos hivers sont moins rigoureux et nos étés plus longs, donc on a réussi à y faire pousser des pêchers », explique Gisèle Larocque.

Un phénomène anecdotique

Selon le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Patrice Léger-Bourgouin, le vol de légumes et de fruits reste un phénomène anecdotique à l’échelle de la province.

Quelques cultures, telles les pêches, restent malgré tout plus propices à être dévalisés en raison de leur rareté.

« Si tu te mets dans la peau de quelqu’un qui veut voler du brocoli, ce n’est pas facile. C’est de la récolte manuelle, qui doit se faire brocoli par brocoli », explique-t-il. En plus, le temps de récolte est tellement serré dans le temps, que les cultivateurs vont travailler 18-19 heures par jour au moment des récoltes, donc ça ne laisse pas beaucoup de temps aux voleurs. »

Bon an, mal an, quelques producteurs maraîchers sont tout de même victimes de vandalisme sur leurs terrains. Mais les aléas de la météo restent le principal facteur qui explique les pertes de production, un phénomène appelé à s’accentuer avec les années.