Devant la controverse suscitée par leur projet de porcherie de près de 12 000 porcs dans le village de Saint-Adelphe, en Mauricie, les promoteurs reportent leur demande de permis de construction.

Les responsables du projet d’implantation du « complexe de fermes porcines » ont décidé « d’un commun accord de demander à la municipalité le report de la délivrance du permis de construire », ont annoncé ceux-ci dans un communiqué lundi après-midi.

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Le village de Saint-Adelphe.

Reconnaissant que « plusieurs personnes résidantes de la région ont soulevé des inquiétudes légitimes », les promoteurs disent vouloir « utiliser cette période d’attente afin de planifier et de mettre en œuvre un comité de consultation et d’information qui sera notamment composé d’experts indépendants afin de répondre à l’ensemble des questions ».

Le conseil municipal de Saint-Adelphe devait adopter sa résolution pour octroyer le permis de construction le 7 février prochain. Les trois bâtiments de 3999 porcs chacun séparés par 150 mètres ayant déjà reçu leurs certificats d’autorisation du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, la municipalité pouvait assortir le permis de construction de certaines conditions, mais n’avait pas d’assises légales pour le refuser.

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Paul Labranche, maire de Saint-Adelphe

Les certificats d’autorisation ont été obtenus par Cultures Excel, une entreprise sœur de Patates Dolbec, le plus gros producteur de pommes de terre du Québec, établi à Saint-Ubalde, municipalité voisine de Saint-Adelphe. L’exploitation de la porcherie doit toutefois être assumée par une coentreprise, le Regroupement porcin Avantis-Olymel. Le rôle de Dolbec serait plutôt d’utiliser le lisier pour fertiliser les milliers d’acres qu’elle cultive dans la région. L’initiateur du projet est Vincent Nadeau-Morissette, précise le communiqué diffusé lundi.

Des résidents de Saint-Adelphe et des organismes de préservation de l’eau avaient exprimé de vives préoccupations à l’égard de la future porcherie, qui a fait l’objet d’une pétition sur le site de l’Assemblée nationale.

« Notre devoir comme entreprise responsable consiste à répondre à ces questions de manière satisfaisante et à obtenir un plus haut niveau d’acceptation sociale », a déclaré le directeur général de Patates Dolbec, Hugo D’Astous.

« Bien que le projet respecte toutes les réglementations en vigueur, il reste plusieurs étapes importantes à franchir, dont la demande d’autorisation pour le prélèvement en eau qui doit être présentée au ministère de l’Environnement », expliquent les promoteurs, en notant que « cette seule étape repousse le calendrier de construction au-delà de 2022 ».

Une nouvelle demande de permis pour la construction d’un premier bâtiment pourra être faite « une fois cette étape franchie », précisent-ils.

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