(Québec) La délicate construction d’un tunnel sous la colline de Québec pour faire passer le tramway pourrait durer trois ans, estime le directeur du Bureau de projet du réseau structurant de transport en commun.

« En termes de complexité de conception, de réalisation, le grand tunnel représente la partie la plus sensible du projet. On veut que le tunnel soit bien fait, bien conçu, bien réalisé », assure Daniel Genest.

La Ville de Québec a dévoilé vendredi ses plus récentes esquisses pour ce tunnel de 2,5 km, qui doit relier la Basse-Ville et la Haute-Ville. De nombreux changements ont été apportés au tracé de référence d’abord présenté en mars 2018.

Une station a été retranchée en Haute-Ville. Les stations du Centre des congrès et du Grand Théâtre seront fusionnées pour créer la station de la colline Parlementaire. Cette décision a été prise entre autres pour réduire les coûts de ce projet estimé à 3,3 milliards.

« Des économies substantielles sont associées à la fusion de ces stations », note le directeur du Bureau de projet.

PHOTO TIRÉE D’UN DOCUMENT DE LA VILLE DE QUÉBEC

Les stations du Centre des congrès et du Grand Théâtre, annoncées en mars 2018, seront fusionnées pour créer la station de la colline Parlementaire.

La station D’Youville, quant à elle, ne sera plus située sur la place du même nom, mais juste à l’ouest sur l’avenue Honoré-Mercier. Ce choix va notamment réduire les risques de découvrir des vestiges archéologiques qui viendraient ralentir les travaux.

Un tunnelier comme celui utilisé pour le REM à Montréal ne sera vraisemblablement pas favorisé à Québec. « On voit difficilement qu’un partenaire utilise la méthode du tunnelier compte tenu des coûts d’acquisition d’un tunnelier pour un tunnel de 2,5 km », indique M. Genest.

Le creusage du tunnel se fera probablement soit par forage et dynamitage, soit par haveuse. Ces deux méthodes sont moins coûteuses, mais plus lentes. « Combien de temps ça va prendre ? À nos yeux à nous, on parle de l’ordre de 36 mois pour faire l’excavation », lâche M. Genest.

IMAGE TIRÉE D’UN DOCUMENT DE LA VILLE DE QUÉBEC

Les différentes méthodes de forage, analysées par le Bureau de projet du réseau structurant de transport en commun

Les citoyens de Saint-Roch, Saint-Jean-Baptiste et Montcalm subiront-ils les contrecoups de ces longs travaux ? Le maire de Québec, Régis Labeaume, s’est montré rassurant.

« Ça veut dire que les gens de Montréal devraient être préoccupés depuis 25 ans ? Ils creusent des tunnels pour un nouveau bout de métro… Il n’y a rien de révolutionnaire dans ce qu’on va faire », avance-t-il.

Le tunnel sera creusé « dans le roc » et représente un ouvrage relativement « simple », selon le maire. Les sondages et essais réalisés jusqu’à maintenant concluent que 80 % du tunnel se trouvera dans un massif rocheux de qualité moyenne à bonne.

Un tunnel plus court ?

La Ville envisage par ailleurs un tunnel raccourci de 500 mètres. Dans ce scénario, le tramway sortirait de terre sur le boulevard René-Lévesque à l’intersection de l’avenue Turnbull plutôt que de l’avenue des Érables, dans le quartier Montcalm.

Les consortiums qui répondront à l’appel d’offres pour la construction du réseau devront soumettre des prix pour les deux scénarios, le tunnel long et le tunnel court.

« Si le tramway était en surface, on se ferait un beau René-Lévesque entre Turnbull et des Érables », a évoqué M. Labeaume.

Pour peaufiner son projet, la Ville est accompagnée par le consortium Tram-Innov. L’un des ingénieurs qui œuvre au projet, Bakar Amara, a notamment travaillé sur plusieurs tunnels ferroviaires en Europe et a récemment participé à la construction de la ligne 3 du métro du Caire, en Égypte.

La conception préliminaire du projet doit se terminer d’une semaine à l’autre. Les audiences du BAPE vont commencer le 6 juillet. Le consortium sera choisi en 2021 et les travaux commenceront dès après.