Dans plusieurs régions épargnées par la COVID-19, la grande fin de semaine de la fête des Patriotes est le signal de l’arrivée massive des pêcheurs et propriétaires de chalet venus de la ville. À La Tuque, en Mauricie, le barrage policier qui isolait la ville sera levé lundi, et le maire s’attend à gérer un trafic monstre, en croisant les doigts pour que la maladie ne se propage pas.

« La fin de semaine importante de l’année, ici, c’est la semaine prochaine, la fête des Patriotes. Les gens font l’ouverture de leur chalet, et en même temps, tous les pêcheurs de partout rentrent sur le territoire. Il va y avoir une entrée massive de gens de partout au Québec », prévoit le maire, Pierre-David Tremblay, en entrevue avec La Presse.

Le territoire de La Tuque compte 4067 résidences permanentes et 4220 chalets. Environ 10 000 lacs sont connus pour la pêche, sans compter les rivières, les 65 pourvoiries et les 9 zecs (zones d’exploitation contrôlée). L’été, la taille de la population double.

« La Mecque de la chasse et de la pêche, c’est nous qui l’avons. Pour les gens qui ont un chalet, on peut espérer qu’ils seront autonomes. Mais le pêcheur sportif, il va mettre de l’essence, faire l’épicerie, acheter des articles de pêche. Les chemins ne sont pas praticables parce qu’il y a encore trop de neige. Chaque année, on doit sortir des gens qui sont embourbés pendant la fin de semaine de la fête des Patriotes. Imaginez le risque de contagion. »

Le maire aurait aimé que le gouvernement assouplisse les règles limitant les déplacements vers sa région tout en maintenant un barrage policier pour assurer un déconfinement plus graduel. Il prévoit au moins installer des premiers répondants à l’entrée de la ville pour sensibiliser les gens à l’importance de respecter les consignes sanitaires.

« On se croise les doigts pour qu’il n’y ait pas de problèmes », dit-il.

Importants pour l’économie

À Mont-Laurier, dans les Laurentides, le congé de la fête des Patriotes est aussi l’occasion pour plusieurs villégiateurs d’installer leur roulotte pour l’été. Là encore, la région fourmille de pêcheurs à partir de mai. Mais le maire Daniel Bourdon a bon espoir que les gens respecteront la distanciation sociale et éviteront de propager la COVID-19.

Il faut faire attention à ne pas faire du Montréal-bashing. Ce n’est pas tout le monde qui est contaminé dans la région de Montréal. Pour notre économie, ces gens-là sont très importants.

Daniel Bourdon, maire de Mont-Laurier

Il croit aussi que tout visiteur sera porté à imiter le comportement des habitants de sa ville, qui prennent les consignes très au sérieux, selon lui. « Je viens d’aller à l’épicerie, ça m’a pris 45 minutes pour entrer, les gens attendent patiemment en ligne », observe-t-il.

À Saint-Zénon, dans Lanaudière, autre destination prisée pour la pêche, le maire Richard Rondeau affirme que tous les propriétaires de pourvoiries ont préparé des plans pour respecter la distanciation sociale et attendent le feu vert du gouvernement pour ouvrir. Il a bon espoir de voir la situation rester sous contrôle. Il souligne que plusieurs propriétaires de chalets sont déjà arrivés dans la région et que tout s’est bien passé.

« Dans notre municipalité, il n’y a aucun cas d’infection. Nos commerces et nos résidants permanents respectent vraiment les règles. Il ne faut pas se faire une gloire de ça, c’est vrai que c’est plus facile qu’en ville. On a un très grand territoire par rapport au nombre de personnes », dit-il.