Waste Management (WM) souhaite obtenir l’autorisation d’exploiter un site d’enfouissement controversé à Drummondville pour une période additionnelle de 20 ans.

La multinationale a précisé ses intentions à La Presse vendredi après avoir publié un communiqué indiquant qu’elle planifiait, « en collaboration avec la communauté », la poursuite de ses activités à cet endroit au-delà de l’échéance prévue en 2021.

Son porte-parole, Martin Dussault, a indiqué en entrevue que l’agrandissement en question permettrait d’enfouir 9 millions de tonnes de déchets de plus sur le site, dans le secteur de Saint-Nicéphore.

L’annonce du projet suscite l’ire du Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville (GODD), qui reproche aux dirigeants de l’entreprise de vouloir passer outre aux objections de la population locale. Le porte-parole du groupe, Jean-Guy Forcier, fait peu de cas de la volonté de concertation affichée par WM.

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Jean-Guy Forcier, porte-parole du Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville

C’est insultant d’avoir un citoyen corporatif qui s’entête à vouloir venir nous polluer.

Jean-Guy Forcier, porte-parole du Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville

La firme, rappelle-t-il, tente actuellement de faire invalider par la Cour d’appel une disposition du décret de fusion de 2004 qui prévoyait la tenue d’un référendum en cas d’agrandissement.

M. Forcier note que cette disposition avait été introduite à la demande de Saint-Nicéphore pour donner à la population un droit de regard sur toute expansion future du site d’enfouissement.

Autorisation du ministère de l’Environnement

WM avait obtenu en 2013 du ministère de l’Environnement le droit d’élargir l’aire d’exploitation utilisée pour enfouir des déchets même si la majorité des résidants avait voté contre le projet.

Le GODD avait tenté en vain de faire invalider cette décision par la Cour supérieure. Le juge Kirkland Casgrain a rejeté la demande en 2017 en relevant que l’élargissement en question ne nécessitait pas de changement de zonage et n’était conséquemment pas sujet à référendum.

Il avait refusé cependant de déclarer « illégal » l’article prévoyant la tenue d’une telle consultation comme le demandait WM, ce qui a amené la firme à présenter une requête en Cour d’appel.

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On veut s’assurer que le processus d’autorisation est clair pour tout le monde.

Martin Dussault, porte-parole de Waste Management

Le porte-parole a souligné que le terrain visé pour le nouvel agrandissement, déjà propriété de WM, doit faire l’objet d’un changement de zonage.

Il pense que la Ville de Drummondville ne peut faire autrement que de l’autoriser pour se conformer au schéma d’aménagement et au plan de gestion des matières résiduelles élaborés par la municipalité régionale de comté.

M. Dussault note par ailleurs qu’il n’y a pas lieu de procéder à une nouvelle consultation publique formelle à ce sujet.

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et le ministère de l’Environnement avaient déjà considéré en 2013 l’agrandissement demandé aujourd’hui, précise-t-il.

Des « études techniques » additionnelles viennent d’être acheminées au gouvernement pour obtenir les autorisations requises, souligne le porte-parole de WM.

L’entreprise demeure néanmoins « très ouverte à discuter avec les gens » à Drummondville, relève M. Dussault, qui prévoit « plusieurs activités d’information et d’échange » avec la population au cours de l’automne.

Opposition à Waste Management

Jean-Guy Forcier indique de son côté que le GODD entend travailler « en collégialité » avec la municipalité régionale de comté et le maire de Drummondville, Alexandre Cusson, pour « contrer ce que Waste Management veut faire ».

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M. Cusson avait indiqué à La Presse en août qu’il n’était pas favorable à un nouvel agrandissement du site de Saint-Nicéphore.

Il a précisé qu’il organiserait la tenue d’un référendum si WM présentait un projet à cet effet, quel que soit le verdict de la Cour d’appel sur sa nécessité légale.

Le cabinet du maire a précisé hier que l’élu était actuellement en vacances à l’étranger et qu’il désirait prendre connaissance des détails du projet d’agrandissement à son retour, la semaine prochaine, avant de le commenter.