Régis Labeaume aime répéter que son projet de réseau structurant de transports en commun va « faire entrer Québec dans la modernité ». Force est d'admettre que la route vers la modernité sera parsemée d'embûches.

Une semaine après le dépôt des budgets provincial et fédéral, la Ville de Québec cherche toujours à faire confirmer le financement de son projet de 3 milliards. Les deux ordres de gouvernement se renvoient la balle. Malgré l'incertitude, l'administration Labeaume a décidé d'aller de l'avant... à petits pas.

Québec lance aujourd'hui des appels d'offres pour le réaménagement du boulevard Hochelaga. Le chantier de 65 millions est rendu nécessaire par le projet de réseau structurant de transports en commun.

« Le projet n'est pas compromis. Tout est là pour que le projet se réalise, a assuré hier le président du Réseau de transport de la capitale, Rémy Normand. On rappelle les deux gouvernements à leurs devoirs. »

La Ville demande 3 milliards des gouvernements : 1,8 milliard de Québec et 1,2 milliard d'Ottawa. Le gouvernement Legault a mis de côté la somme pour le projet. Le gouvernement Trudeau a aussi réservé les fonds, qu'il invite Québec à puiser dans deux enveloppes fédérales : 400 millions dans le fonds pour le transport collectif et 800 millions dans le fonds pour les infrastructures vertes.

Or, selon Ottawa, le gouvernement Legault refuse ce montage financier. « On ne demande pas à la province de mettre plus d'argent. On demande à Québec de nous laisser mettre une partie de l'argent fédéral dédié aux infrastructures vertes au Québec dans le projet du tramway », explique en entrevue François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l'Infrastructure.

Le ministre Champagne explique que le gouvernement du Québec doit simplement accorder la priorité au projet pour qu'Ottawa débloque les fonds. « C'est une des dernières grandes villes au Canada qui n'a pas de transports en commun structurants », rappelle le ministre Champagne.

« La question que tout le monde se pose maintenant, c'est : est-ce que le gouvernement du Québec est prêt à prioriser ce projet-là, oui ou non ? demande-t-il. Nous, on est prêts à le financer, il s'agit que la province le priorise. »

Une négociation en bonne et due forme

Le ministre québécois des Transports a réitéré hier la position de son gouvernement, qui veut puiser la somme de 1,2 milliard du fédéral exclusivement dans l'enveloppe consacrée aux transports en commun. « Le canal de communication est toujours ouvert avec Ottawa. C'est une négociation en bonne et due forme », a dit hier François Bonnardel.

À l'hôtel de ville de Québec, hier, le chef de l'opposition officielle a affirmé que « le maire est en train de subir un échec avec son projet ».

Jean-François Gosselin, chef de Québec 21, a aussi demandé que Le Phare soit mis en suspens le temps de régler la question du tramway. L'immense projet immobilier proche de la tête des ponts devait être raccordé au réseau structurant de transports en commun.

« C'est déjà l'enfer dans ce secteur-là pour les automobilistes. C'est le secteur le plus congestionné à Québec. On nous dit depuis des mois que le tramway va venir atténuer la congestion dans le secteur », rappelle M. Gosselin.

« Avant d'aller plus loin avec Le Phare, dit-il, on doit s'assurer de régler les problèmes de congestion et de circulation dans ce secteur-là. »

- Avec Suzanne Colpron, La Presse