Une conseillère municipale de Gatineau qui s'était retrouvée dans l'eau chaude pour avoir nié l'existence de l'islamophobie se fait de nouveau critiquer pour des commentaires formulés en ligne, dans lesquels elle mettait en doute que la Terre est ronde.

Nathalie Lemieux a provoqué une controverse la semaine dernière après qu'elle eut dit à un journaliste que le mot «islamophobie» n'existait pas, selon elle. Dans la foulée de cette déclaration, elle avait perdu son titre de mairesse suppléante, mais elle est restée conseillère de la quatrième plus grande ville en importance du Québec.

En entrevue, mardi, le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, a reconnu que les commentaires de Mme Lemieux sur l'islamophobie pouvaient être nuisibles à sa ville.

«Oui, ça peut atteindre la réputation, mais ça reste juste une personne, a-t-il expliqué. La Ville de Gatineau est en fait un modèle d'intégration.»

Selon lui, la réaction rapide de sa ville limitera les dommages.

Le maire a toutefois refusé de commenter la dernière controverse affectant Mme Lemieux. Lundi, le quotidien Le Droit a fait état de propos écrits en ligne par la conseillère municipale, dans lesquels elle laissait entendre qu'il y a un complot pour éliminer les preuves que la Terre est plate.

«Qui a décidé que la Terre est ronde et pourquoi le croire lui ?», a-t-elle demandé dans un message écrit il y a deux semaines.

«Première question à se poser est pourquoi maintenant les gens réalisent que c'est possible que la Terre soit plate, ils veulent cacher les explications qui le prouvent ?»

Elle a poursuivi en se demandant «combien d'argent est détourné à la NASA».

«Personnellement, je ne crois en rien ce que je regarde aux nouvelles et je fais toujours des recherches.»

L'adjointe de la conseillère municipale a confirmé mardi que Mme Lemieux avait bel et bien tenu ces propos, qui sont apparus en dessous d'un article sur YouTube qui lutte contre les vidéos présentant des théories du complot.

Mme Lemieux n'était pas disponible pour une entrevue, a indiqué son adjointe.

Des propos «très graves»

La conseillère avait fait les manchettes la semaine dernière lorsqu'elle avait dit, en entrevue avec Le Droit, que l'islamophobie avait été inventée par le premier ministre canadien Justin Trudeau.

«Ces gens-là font beaucoup de choses mal, avec leurs camions et toutes ces choses-là, et c'est normal d'en avoir peur», avait-elle déclaré.

Le maire Pednaud-Jobin a décrit Mme Lemieux, qui a été élue pour la première fois en 2017, comme une «bonne personne qui à l'évidence ne mesure pas la portée de ses propos».

«Pour moi, c'est ça qui est très grave. Faire l'amalgame entre tous les musulmans et les terroristes, ça n'a aucun sens, ça blesse des gens», a-t-il soutenu.

«Et c'est dangereux, parce que ça véhicule des préjugés qui rendent la vie difficile à la communauté musulmane.»

Mme Lemieux avait applaudi le premier ministre du Québec, François Legault, qui avait dit la semaine dernière qu'il n'y avait pas d'islamophobie au Québec. Face aux critiques, le bureau du premier ministre avait précisé qu'il existait de l'islamophobie au Québec, mais qu'il n'y avait pas de courant ni de culture islamophobe.

La conseillère municipale s'était excusée d'avoir blessé des gens, mais elle semblait rester sur ses positions.

«Je persiste à dire que la société québécoise est loin d'être une société islamophobe», a-t-elle écrit sur sa page Facebook.

«Je pense aussi que nous devons rester critiques devant toutes pratiques culturelles ou religieuses qui ne respectent pas les droits de la personne, l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les droits des enfants.»

Elle s'était aussi demandé si la liberté d'expression pourrait être en péril à Gatineau.

PC

Nathalie Lemieux