Le gouvernement du Québec a demandé vendredi à la vérificatrice générale de faire toute la lumière sur la saga du traversier F.-A.-Gauthier, en réparation depuis neuf mois.

Le ministre des Transports, François Bonnardel, a annoncé qu’elle a été mandatée afin de procéder à une enquête sur l’octroi du contrat, sur les activités de surveillance de chantier et sur la gestion des ressources humaines.

À ses côtés, le président du Conseil du Trésor, Christian Dubé, a renchéri : il veut qu’elle regarde si les règles des appels d’offres publics ont été respectées, et s’il y avait suffisamment d’inspecteurs pour surveiller les travaux de construction.

Plus de 220 millions ont été dépensés pour l’acquisition du navire et pour la mise à niveau des ports de Godbout et de Matane. Cela ne tient pas compte des coûts de réparation, a commenté M. Bonnardel vendredi en annonçant l’enquête, en marge du caucus de la CAQ qui se tient à Rivière-du-Loup.

« Ce sont des coûts énormes », juge-t-il.

Et des recours judiciaires sont encore possibles, a-t-il ajouté.

Jeudi soir, un reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada avait révélé que le navire est miné par des vices de construction. Il y a notamment été allégué qu’il n’y avait pas suffisamment d’employés de la Société des traversiers du Québec (STQ) pour superviser la construction du bateau au chantier Fincantieri en Italie.

Le traversier F.-A.-Gauthier avait été acheté en 2015 au coût de 175 millions pour assurer la liaison entre Matane, dans le Bas-Saint-Laurent, et les ports de Baie-Comeau et Godbout sur la Côte-Nord.

Il est en cale sèche au chantier maritime Davie de Lévis depuis la mi-janvier. Un traversier de remplacement, le navire Apollo, avait lui aussi dû être retiré du service après être entré en collision avec le quai de Godbout en février.

Selon le député de Matane-Matapédia et chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, le gouvernement caquiste doit aller beaucoup plus loin que cette enquête. D’ailleurs, il l’avait demandée il y a plusieurs mois, en février.

Il doit intenter une poursuite contre l’entreprise italienne Fincantieri, annuler les mesures disciplinaires prises contre le lanceur d’alerte René Lebrun et dédommager les usagers et les entreprises touchées par l’absence de service.

Après l’annonce de M. Bonnardel, la STQ a dit accueillir favorablement la décision du ministre des Transports de demander une enquête à la vérificatrice générale. Elle assure son entière collaboration.