(Lachute) Au centre-ville de Lachute, des citoyens se sont mobilisés et travaillent jour et nuit pour empêcher la crue des eaux de causer davantage de dommage. Même les élèves d’une école primaire du secteur participent à la corvée de remplissage de sacs de sable, pendant les récréations, pour sauver les maisons et la résidence pour personnes âgées du quartier.

Ce n’est pas la pluie battante vendredi midi qui a empêché les élèves d’une école primaire de Lachute de mettre les mains dans le sable pour remplir des sacs et protéger leur quartier.

Au son de la cloche à l’heure du dîner, une quarantaine de jeunes de l’école élémentaire Laurentian se sont rendus, au pas de course, dans la rue derrière l’école pour aider les bénévoles à créer des digues.

Lorsqu’un des enfants a fait l’observation qu’il n’y avait pas suffisamment de pelles pour le nombre de bénévoles, un autre a lancé « utilisons nos mains pour remplir les sacs ! ».

Alors, dans un élan de spontanéité, les enfants ont plongé les mains dans le sable pour tenter de contrer la montée de la Rivière-du-Nord.

« C’est important de protéger notre communauté et c’est plus amusant que de faire des mathématiques », a lancé Abbygail Armitage, 11 ans, au journaliste de La Presse canadienne.

Un coin de rue plus loin, Jean Desrosiers, un citoyen de Lachute, lance, entre deux pelletées de sable : « C’est une mobilisation assez intense qui dure depuis quatre jours ».

Le bénévole, comme beaucoup de citoyens du coin, craint que la crue des eaux, qui a transformé la rue Fillion en rivière, finisse par atteindre la résidence pour personnes âgées « Le Médaillon d’or ».

Lors du passage de La Presse canadienne, le parc en face de la résidence était complètement inondé, et la Rivière-du-Nord n’était plus qu’à une dizaine de mètres à l’arrière du bâtiment. La Ville a d’ailleurs surélevé la rue avec du gravier, pour permettre aux véhicules d’urgence de se rendre à la résidence s’il devait avoir une évacuation.

« S’il faut réagir et évacuer, ça va se faire vite, on est prêt à réagir », a affirmé Martine Huot, directrice de la résidence, qui a ajouté que les résidents sont extrêmement touchés par la solidarité des citoyens du secteur.

Il y a ceux qui participent à l’effort de solidarité, mais aussi, ceux, moins nombreux heureusement, qui nuisent aux efforts et même dans certains cas, profitent de la situation.

En fin de soirée jeudi, Nicolas Brisson, un bénévole, faisait le guet et bloquait une rue inondée du secteur, à bord d’une tractopelle.

« J’empêche les curieux de s’aventurer dans le coin », a-t-il dit à La Presse canadienne en expliquant que plusieurs automobilistes se déplaçaient dans les rues inondées pour constater les dégâts, ce qui cause des vagues qui peuvent fragiliser les digues et les maisons déjà affaiblies par la rivière.

Sa présence sert aussi à décourager les voleurs : « La SQ ne peut pas être partout, et hier il y a eu des vols de génératrices dans des maisons abandonnées ».

Pendant le jour, la tractopelle que Nicolas Brisson a empruntée à un ami est utilisée pour transporter les sinistrés : « On les met dans la pelle, c’est le seul moyen, ça, pis les chaloupes ».

Vendredi après-midi, le niveau de la Rivière-du-Nord à Lachute était à la hausse, et la pluie devrait continuer de s’abattre dans le secteur jusqu’à dimanche.