Une fillette autiste a été oubliée pendant environ une heure et demie dans une cour d'école des Laurentides par -20°C, en plein mois de décembre, une gaffe qui vient de valoir à l'établissement responsable une condamnation salée.

Sans l'intervention fortuite d'une employée qui passait par là, Francesca aurait pu mourir de froid, a souligné la justice.

«Elle était vraiment enflée, les joues rouges. Elle a des problèmes aussi avec ses orteils [depuis] parce que ses pieds ont gelé», a déploré sa mère, Nathalie Lafleur, en entrevue avec La Presse. Sa fille, qui avait 10 ans au moment des faits, n'a pas la capacité de parler. Mais «quand j'en parle, elle n'aime pas ça», a raconté Mme Lafleur.

C'est au moment où Francesca a été déposée par l'autobus scolaire devant l'école Notre-Dame-de-la-Sagesse à Sainte-Agathe, le matin du 19 décembre 2016, que le problème est survenu. Le transport avait du retard et personne ne s'y trouvait pour accueillir les élèves à besoins particuliers, relate le juge Jean-Pierre Archambault dans une décision rendue il y a quelques semaines.

L'enseignante de la fillette, responsable d'un groupe de six enfants avec «au moins une ou deux éducatrices», a cru que Francesca était absente pour la journée.

La fillette, décrite par son père devant la Cour du Québec comme «totalement sans défense», était plutôt en train de geler près de l'établissement. Francesca doit être «orientée à défaut de quoi elle ne bouge pas et reste immobile», ont expliqué ses parents.

Une employée du service de garde, Suzanne Paquette, passait par là vers 10h35 et est tombée sur Francesca. «Elle m'a vue et s'est mise à pleurer à chaudes larmes, ses joues étaient très rouges et ses mains très froides», a noté Mme Paquette dans un rapport juste après l'incident. Elle «était alors dans un état de panique et de choc», a analysé le juge Archambault.

Sans Mme Paquette, «la situation aurait pu être autrement plus dramatique et possiblement tragique», a-t-il ajouté.«Situation malheureuse et exceptionnelle»

Les employés de l'école Notre-Dame-de-la-Sagesse «ont manqué à leurs obligations d'accueil, de surveillance et d'assurer la protection, la sécurité et l'intégrité» de Francesca, a écrit le juge Jean-Pierre Archambault en condamnant la commission scolaire à verser 6500 $ à ses parents. Ils demandaient 15 000 $.

«On trouve que le montant n'est pas assez élevé», a regretté Nathalie Lafleur en entrevue. La mère de Francesca a décidé de scolariser la fillette à domicile pour le reste de l'année scolaire. «J'ai été cinq mois en arrêt de travail», a-t-elle ajouté.

Mme Lafleur est elle-même conductrice d'autobus scolaires.

C'est justement vers l'opérateur du véhicule dans lequel se trouvait Francesca que la famille compte maintenant se tourner : elle lui a fait parvenir une mise en demeure la semaine dernière.

Du côté de la Commission scolaire des Laurentides, on qualifie l'événement de «situation malheureuse et exceptionnelle».

Le jugement de la Cour du Québec explique bien que selon les règles en place à l'école Notre-Dame-de-la-Sagesse, quelqu'un aurait dû attendre les élèves à la sortie de l'autobus. Par la suite, une fois une absence constatée, l'enseignante aurait dû aussitôt la signaler au secrétariat afin que les parents soient contactés pour confirmer que l'élève était bien restée à la maison.

«Dès les jours qui ont suivi cet événement, la Commission scolaire des Laurentides a mis en place des mesures correctrices pour éviter à tout prix qu'un tel incident ne se reproduise», indique l'organisation dans un communiqué. Un employé supplémentaire a été embauché spécifiquement pour gérer l'arrivée des autobus.