Une des routes les plus dangereuses au Québec, la route 117, dans les Hautes-Laurentides, sera en partie reconstruite et remise aux normes du jour dans les prochaines années, en concertation avec les élus et les résidants qui en dénoncent les déficiences depuis plus de 10 ans.

Le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports, André Fortin, annoncera cet après-midi à Rivière-Rouge la création d'un bureau de projet en vue de grands travaux de redressement de cette route sur un tronçon de 70 kilomètres qui fait partie de la route Transcanadienne, entre Labelle et Mont-Laurier.

Les travaux de ce bureau de projet seront réalisés en concertation avec le groupe de pression régionale SOS 117 et les élus locaux, qui réclament depuis de nombreuses années des interventions du ministère des Transports pour améliorer la sécurité de ce segment de la route Transcanadienne.

Entre 2010 et 2016 seulement, 26 personnes ont perdu la vie et 37 autres ont subi des blessures graves à la suite d'accidents de la circulation sur cette portion de route, la seule qui relie les Hautes-Laurentides et l'Abitibi. 

1800 Nombre d'accidents recensés sur le tronçon de 70 km de la route 117 entre 2010 et 2016, selon des données de la Société de l'assurance automobile du Québec. Au moins 500 personnes ont été légèrement blessées.

Ce triste bilan s'est encore alourdi, il y a moins de trois semaines, lorsqu'une voiture a empiété sur la voie opposée dans une des courbes jugées dangereuses de la route 117 à Lac-Saguay. Une résidante de 26 ans de Rivière-Rouge, Geneviève Thibault, a perdu la vie, et une autre a été gravement blessée à la suite d'une collision frontale avec une camionnette.

Cette mort s'ajoute celle de Louise Paquet, 71 ans, tuée dans une autre collision frontale survenue à Labelle, le 2 janvier. La nièce de Mme Paquet, qui conduisait la voiture, a été gravement blessée.

ÉLECTROCHOC

Une virulente sortie publique de proches de Louise Paquet et la colère des élus des Hautes-Laurentides, qui réclamaient depuis des années des travaux majeurs d'amélioration, ont eu l'effet d'un électrochoc dans ce dossier, qui semblait s'être perdu dans les limbes du ministère des Transports depuis cinq ans.

En quelques mois, le ministre Fortin a rencontré les membres du comité SOS 117, a fait inscrire ce projet dans le Plan québécois des infrastructures et a commandé une mise à jour des études déjà réalisées pour en améliorer la sécurité à court, à moyen et à long terme.

Aujourd'hui, a appris La Presse, le ministre annoncera la formation d'un bureau de projet dès cet été sur la construction du principal tronçon problématique de 14 kilomètres, entre les municipalités de Labelle et de Rivière-Rouge.

Le bureau de projet étudiera notamment la faisabilité d'un tracé longeant une ligne électrique d'Hydro-Québec qui avait été proposé aux élus régionaux, en 2012, par l'ancien ministre délégué aux Transports, Norm MacMillan. Pour des raisons budgétaires, ce projet, dont le coût était estimé à près de 200 millions, a été ensuite tabletté.

Ce tracé supposerait une reconstruction complète de la route, hors de son emprise actuelle qui longe la rivière Rouge. Un appel d'offres pour la préparation d'un avant-projet devrait suivre en 2019, et le tracé définitif du nouveau tronçon routier pourrait être connu dès 2020. La construction de la nouvelle route à quatre voies prendra tout de même entre quatre et cinq ans.

CORRECTIONS

La route 117 est une longue route provinciale qui s'étire sur 660 kilomètres entre le nord de Montréal et l'Abitibi, où elle rejoint la route 66 ontarienne. Jusqu'à Labelle, dans les Hautes-Laurentides, elle compte quatre voies de circulation. Au nord de Labelle, elle devient une route à deux voies jusqu'à Mont-Laurier, sauf pour un court segment dans le secteur de L'Annonciation, à Rivière-Rouge. Son débit de circulation moyen est d'un peu plus de 9000 véhicules par jour, dont une importante proportion de camions.

Sa conception, qui remonte aux années 50, présente plusieurs déficiences majeures. Dès 2004, des élus régionaux, dont le député péquiste de Labelle Sylvain Pagé et des maires de la MRC Antoine-Labelle, ont formé le comité SOS 117 afin de réclamer des correctifs à la route. Ils demandent notamment l'aménagement d'un boulevard urbain dans le secteur de Lac-des-Écorces, où on enregistre des pointes de circulation pouvant aller jusqu'à 16 000 véhicules par jour, en été, durant les périodes de vacances et de chasse.

La route présente aussi plusieurs courbes dont la géométrie est considérée comme dangereuse, dont celle de Lac-Saguay où une résidante de Rivière-Rouge a perdu la vie, le 8 mai dernier.

Ces chantiers correctifs, assure-t-on au cabinet du ministre André Fortin, pourraient être menés en parallèle avec les travaux du bureau de projet sur le segment Labelle-Rivière-Rouge dans le cadre de la programmation routière régionale du Ministère.