Le syndic du Barreau du Québec vient de porter une plainte disciplinaire contre l'avocat Pierre-Paul Routhier, qui est également maire de Châteauguay. Il lui reproche de s'être placé en situation de conflit d'intérêts.

Le Barreau a confirmé vendredi à La Presse que Me Routhier serait entendu devant le conseil de discipline. La date retenue est le 4 juillet, selon ce qu'a précisé Pierre-Paul Routhier, joint en fin de journée.

Me Routhier entend bien se défendre lors de l'audience. « Je ne vois pas où il pourrait y avoir conflit d'intérêts », a-t-il affirmé.

Cette procédure disciplinaire a été enclenchée à la suite d'une demande d'enquête déposée par la Ligue d'action civique en mars dernier. Le dossier concerne le conseiller municipal de Châteauguay Michel Gendron, représenté par l'avocat Routhier puis par sa collègue du même cabinet, Me Josianne Goulet, ce qui soulève des problèmes, selon la Ligue.

Le maire de Châteauguay ne peut à la fois veiller aux intérêts des citoyens qu'il représente depuis novembre dernier et défendre son client, M. Gendron, soutient la Ligue.

Selon Me Routhier, il n'y a aucune divergence entre les intérêts de M. Gendron et ceux de la Ville. « La nature du point de droit qui sera débattu devant la Cour d'appel n'est pas un problème entre la Ville et M. Gendron. C'est un point de droit qui doit être éclairci et qui va valoir pour tous les élus de la province de Québec », assure-t-il.

Me Routhier a répété vendredi qu'il entend être présent mardi prochain devant la Cour d'appel aux côtés de sa collègue Goulet. « Je vais tout de même me présenter au cas où le banc des trois juges aurait des questions sur des points que j'ai préparés dans le cadre du mémoire d'appel », a-t-il précisé.

LA LIGUE SE DIT SATISFAITE

Michel Gendron a été poursuivi par la Ville de Châteauguay parce qu'il refusait de préciser les immeubles détenus par son entreprise dans le cadre de la déclaration obligatoire de ses intérêts pécuniaires (déclaration annuelle de tous les élus municipaux). La requête en inhabilité contre M. Gendron a été rejetée. La Cour supérieure a toutefois indiqué dans son jugement que les immeubles détenus par une entreprise dans laquelle un élu a des intérêts doivent être déclarés. M. Gendron en appelle sur cet élément précis.

Le président de la Ligue d'action civique, Rodolphe Parent, se dit satisfait que le Barreau aille de l'avant avec cette plainte. « On considère que la muraille de Chine qui est censée se dresser dans un cabinet d'avocats pour éviter les conflits d'intérêts n'est pas possible dans le cas de M. Routhier parce qu'il est trop petit. Nous lui enjoignons donc de comprendre que le seul moyen d'arrêter le conflit d'intérêts, c'est d'enlever l'entièreté de son cabinet de ce dossier-là », a affirmé M. Parent.