Au lendemain des élections municipales qui les ont reportés au pouvoir, les maires de Québec et de Lévis ont décidé d'enterrer la hache de guerre.

« J'ai parlé avec M. Labeaume aujourd'hui [hier]. On a convenu qu'on allait continuer à travailler ensemble. C'est un élément extrêmement positif », a révélé hier Gilles Lehouillier, réélu à Lévis avec 92 % des voix.

Cette réconciliation survient après des mois d'accrochage autour de la question du Service rapide par bus (SRB) et d'un éventuel troisième lien entre ces deux villes séparées par le fleuve.

Les deux maires avaient eu des échanges musclés sur la place publique. En pleine campagne électorale, M. Lehouillier avait même accusé Régis Labeaume d'ingérence, « une tactique "labeaumienne" », selon lui.

Mais hier, les deux hommes se sont réconciliés. Le maire de Lévis pense qu'ils pourront trouver un terrain d'entente sur la question des transports en commun et peut-être même sur celle du troisième lien.

« On a convenu que sur les grands dossiers régionaux, on allait continuer de travailler ensemble et qu'on allait le faire dans une espèce de respect mutuel. On va respecter les divergences des uns et des autres. C'est intéressant comme avancée. Ça augure bien », ajoute M. Lehouillier.

Gilles Lehouillier avait froissé son vis-à-vis de Québec en avril dernier. Il avait alors abandonné le projet de SRB porté par Régis Labeaume, signant son arrêt de mort. En entrevue lors du déclenchement de la campagne électorale, Régis Labeaume qualifiait l'échec du SRB de plus grand revers politique en carrière.

Lévis a depuis mis en place un projet de transport en commun beaucoup plus modeste, de 80 millions de dollars, qui prévoit l'ajout de 7,4 km de voies réservées pour les autobus. De son côté, Régis Labeaume croit avoir obtenu hier un mandat fort pour remettre sur la table son projet de transports en commun structurant pour Québec.

« Québec a son projet structurant et on respecte ça. Nous, notre projet, au lieu du SRB, ce sera des autobus articulés, explique M. Lehouillier. Notre modèle de transport sera différent de celui de Québec. Mais il va falloir chercher à arrimer nos systèmes. »

L'enjeu est de taille alors que des milliers de résidants de la rive sud traversent le fleuve chaque jour pour aller travailler à Québec. Mais la question de la tarification inquiète M. Lehouillier. Le maire s'oppose à une « double tarification » pour les Lévisiens ; un peu comme un résidant de Laval ou de Longueuil doit payer pour l'accès au réseau montréalais.

« C'est tout ça qu'il va falloir regarder. Quel est le tarif qu'on pourra imposer à un usager. Il ne faut pas que la tarification incite des gens à prendre l'auto plutôt que les transports en commun », fait-il valoir.

Pour le troisième lien

Quant au troisième lien, ce projet de quelque 4 milliards pour construire un tunnel entre les deux villes, M. Lehouillier estime qu'il est bien parti. Même si M. Labeaume souffle le chaud et le froid dans ce dossier, Lévis juge que les signaux sont favorables au gouvernement Couillard.

« J'ai aussi parlé aujourd'hui [hier] à la ministre déléguée aux Transports, Véronyque Tremblay, qui s'est montrée ouverte. Elle doit nous organiser bientôt une rencontre avec le bureau d'étude sur le troisième lien afin qu'on fasse le point. »

Gilles Lehouillier aimerait que le gouvernement étudie la possibilité de faire passer le troisième lien par l'île d'Orléans, un scénario qui inquiète les élus orléanais. « Nous, ce qu'on va demander au gouvernement, c'est de regarder de près ce scénario, dit-il. On veut que tous les scénarios soient étudiés, et la ministre s'est montrée très ouverte aujourd'hui [hier]. »

Photo Patrice Laroche, archives Le Soleil

Le maire de Québec, Régis Labeaume