C'est visiblement irrité que le maire de Laval Marc Demers a mis le pied officiellement dans la campagne électorale, hier. Il s'est défendu d'avoir multiplié les nominations partisanes alors que les règles promises pour faire appel à des candidats indépendants et compétents dans les structures municipales ne sont toujours pas en fonction.

M. Demers avait convoqué une conférence de presse en matinée pour faire le bilan de ses actions en matière de gouvernance. En 2014, il avait confié à l'Institut de la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP) le mandat d'analyser tous les organismes municipaux et de proposer les meilleures pratiques pour procéder aux nominations. L'IGOPP avait constaté « un vacuum » en matière de gouvernance et de reddition de comptes. Il recommandait notamment d'éliminer huit organismes. Le maire Demers a été incapable de les identifier.

En début d'après-midi, la situation s'est répétée. M. Demers avait mis son chapeau de chef du Mouvement lavallois et donné rendez-vous aux médias à l'imprimerie où les pancartes électorales (250 dans chacun des 21 districts, en plus de plusieurs panneaux surdimensionnés) sont en préparation en vue du déclenchement des élections, le 22 septembre. Pendant que M. Demers posait pour les photographes, une affiche à la main (Lavallois, en mouvement !), son attaché de presse indiquait aux journalistes que « la réponse va venir ».

Puis, M. Demers a rencontré les journalistes, soulignant la disparition d'organismes dont les problèmes avaient été largement médiatisés comme Laval Technopôle et Laval en fleurs. « Par coeur, je ne me souviens pas des autres. C'est dans le rapport public qui a été déposé. J'en connais une couple, mais je ne veux pas vous induire en erreur », a-t-il dit avant d'ajouter : « Dès qu'on passe la commande "à fermer", je ne suis plus le dossier. Le reste devient de la mécanique. »

«Pas de nominations politiques»

Quant aux nominations faites par son administration, il a soutenu qu'« il n'y a pas une nomination qui est politique ». Du même souffle, il reconnaît que les nominations sont du ressort du comité exécutif et qu'il n'est pas question de nommer des inconnus.

Du coup, il a été question de la nomination deu bénévole politique Michel Reeves au conseil d'administration de la Société de transport de Laval (STL). M. Reeves est un proche de David De Cotis, vice-président du comité exécutif et président de la STL, qui ignorait, par ailleurs, quelle est la durée du mandat de M. Reeves. Après vérification à la STL, il s'agit de quatre ans.

« Qui voulez-vous qu'on prenne comme représentant des usagers ? L'archevêque ? », a lancé Marc Demers, visiblement agacé. 

Dès lors, la mêlée de presse est devenue quelque peu chaotique : le maire répondait, mais aussi M. De Cotis, ainsi que l'attaché de presse, François Brochu. Seul l'organisateur politique du Mouvement lavallois, François Leblanc, est demeuré en retrait et a tenté à deux reprises d'extirper M. Demers de la situation.

Critiques de l'opposition

Le conseiller municipal Michel Trottier, du Parti Laval, se montre très critique à l'égard de son adversaire et de sa « gouvernance à géométrie variable ». « La banque de candidats indépendants n'est toujours pas en place. Pendant ce temps-là, le maire nomme des sympathisants du Mouvement lavallois. Il s'agit de nominations partisanes », a affirmé M. Trottier.

« J'ai de la misère avec une administration qui me dit qu'elle va nommer des candidats indépendants et compétents, mais seulement quand il y aura un règlement », a-t-il ajouté.

Photo NINON PEDNAULT, Archives LA PRESSE

Michel Trottier, chef du Parti Laval