Les citoyens l'attendaient de pied ferme et le nouveau ministre des Affaires municipales avait promis de l'avoir à l'oeil, mais pour la première fois en plusieurs mois, le maire de Mascouche ne s'est pas présenté à la réunion du conseil municipal, mardi soir. Sans lui, la séance s'est déroulée dans le calme.

Dans un communiqué de presse envoyé en soirée, Richard Marcotte, qui fait face à des accusations de fraude, de complot et de corruption, a affirmé ne pas vouloir «donner emprise à un show politique». Il répondait ainsi aux déclarations du ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, qui a réitéré son intention, annoncée la semaine dernière dans plusieurs médias, de mettre la ville sous tutelle si les choses dégénéraient au conseil.

En août dernier, une séance a dû être annulée parce que des citoyens de Mascouche, furieux, ont forcé l'éviction du maire Marcotte. Le mois précédent, chahuté par les citoyens, le maire a quitté la salle cinq minutes après l'ouverture de la séance. Yann Langlais-Plante, attaché de presse du ministre Gaudreault, a confirmé que son patron aurait la réunion de mardi à l'oeil. «C'est sûr que cela aura un impact si ça se passe mal.»

Des commentaires qui ont «jeté de l'huile sur le feu», selon la mairesse suppléante, Lise Gagnon. Mme Gagnon a dû faire face à la frustration des citoyens en lieu et place de Richard Marcotte. Ce dernier a avisé ses collègues de son absence par lettre. «Les gens sont fâchés et on les comprend, mais la solution n'est pas la tutelle. C'est le maire.»

«Fâchée» et «déçue» des propos du ministre, Mme Gagnon l'invite à communiquer avec ses collègues et elle plutôt que de faire des déclarations publiques. «Nous n'avons eu aucun contact avec lui», affirme Mme Gagnon, qui a de nouveau demandé que la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale soit modifiée de manière à suspendre un élu accusé au criminel.

Grabuge

Elle explique qu'en raison de la sortie de Sylvain Gaudreault, plusieurs citoyens avaient planifié de faire du grabuge lors de la séance, dans l'unique but de faire bouger les choses. Les policiers, présents plus d'une heure avant le début de la réunion, à laquelle ont assisté quelques centaines de personnes, étaient aux aguets. Près de 20 agents ont surveillé l'édifice du boulevard de Mascouche pendant les deux heures de la rencontre.

L'absence du maire Marcotte aura toutefois suffi à calmer les esprits. C'est la première fois depuis le printemps, alors qu'il avait manqué plusieurs réunions dans la foulée de son arrestation en avril par l'Unité permanence anticorruption, qu'il n'est pas présent à la réunion du conseil municipal. Si sa décision a été accueillie par les moqueries et les cris de plusieurs citoyens, elle a aussi permis à la séance de se dérouler sans heurts.

Dès les premières minutes, un citoyen a accusé le maire, qui doit comparaître ce matin au palais de justice de Joliette, de préférer préparer sa défense plutôt que de s'acquitter de son devoir d'élu.

Gaudreault réagira

Plusieurs citoyens et élus ont pour leur part remarqué le changement d'ambiance provoqué par l'absence du maire controversé. «La séance se déroule très bien ce soir. Entre nous, on est capables de travailler et d'avancer. Ce qu'il faut régler, c'est le départ de Richard Marcotte», a affirmé Luc Thériault, candidat à la mairie de Mascouche et ex-député péquiste. Selon l'attaché de presse du ministre Gaudreault, ce dernier réagira au déroulement de la séance du conseil municipal aujourd'hui, en marge du Conseil des ministres à Québec. Il rendra vraisemblablement sa décision concernant la mise sous tutelle de Mascouche. Selon nos informations, un décret en ce sens était déjà prêt, hier.

Comme la séance s'est déroulée calmement, Lise Gagnon a bon espoir que sa ville restera souveraine.

- Avec Denis Lessard