Les couples qui ont de jeunes enfants ou qui sont sur le point de fonder une famille sont nombreux à quitter Montréal pour s'installer en banlieue. Pour le même prix qu'une petite résidence en mauvais état, ils achètent des maisons plus grandes qui offrent même un espace gazonné pour faire courir les enfants et recevoir des amis autour d'un barbecue. Mais ces jeunes familles sont unanimes: en déménageant du 514 vers le 450, elles refusent de faire une croix sur la vie de quartier et la proximité des services dont elles profitaient en ville.

Sophie Meley-Daoust adorait la vie sur le Plateau-Mont-Royal. Mais il y a trois ans, l'emploi de son conjoint a obligé le couple à déménager à Saint-Eustache. Il était hors de question de devoir utiliser la voiture chaque fois qu'ils avaient besoin d'aller à la pharmacie ou l'envie de louer un film. «On a cherché un compromis. C'était une condition de trouver un endroit en banlieue où il y aurait les avantages de la vie de quartier du Plateau. Dans le Vieux-Saint-Eustache, on a une petite boulangerie, un boucher et on peut s'y rendre à pied», explique la jeune femme de 26 ans.

En plus, en déménageant dans la banlieue nord, le couple a trouvé un appartement plus grand pour un prix plus abordable. Et bientôt, ils emménageront dans leur première maison. «En matière de coûts, ça fait toute la différence. À Montréal, on habite facilement dans un appartement qui coûte le prix d'une hypothèque. Quand vient le temps d'acheter à Montréal, un 4 1/2 ou un 5 1/2 va coûter 275 000$ ou 300 000$. À Saint-Eustache, pour 200 000$, on a une maison ou une maison en rangée avec un sous-sol fini, trois chambres à coucher, une grande cour.»

C'est également le prix des maisons en banlieue qui a attiré Philippe Hanscom. Lorsque sa conjointe et lui ont appris qu'ils attendaient un premier enfant, le couple qui habitait Montréal s'est mis à chercher un appartement en copropriété ou une maison avec une chambre supplémentaire. «On n'a pas eu le choix avec le budget qu'on avait d'aller sur la Rive-Sud. On avait besoin de deux chambres et d'un bureau. Mais un condo à Montréal à moins de 300 000$, ce n'était presque pas trouvable.»

Pour moins cher, le couple s'est établi dans une maison à trois étages avec un petit terrain à proximité du métro Longueuil. Pour se rendre à son travail, la conjointe de M. Hanscom utilise les transports en commun et ne met que 30 minutes à faire le trajet.

Le paradis est-il en banlieue? Peut-être pas tout à fait. Les activités culturelles manquent à certains couples à qui La Presse a parlé hier. «Les spectacles, les restos. On sautait dans le taxi et on était rendus. Cette facette-là, on ne l'a plus. Est-ce qu'on s'ennuie de Montréal pour autant? Non.» Même pas du tout, affirme M. Hanscom.