Aux prises avec les mêmes obligations financières que ses voisins - régimes de retraite coûteux, infrastructures à rénover -, Laval a pu compter sur une croissance enviable pour limiter la hausse de taxes de ses résidants à 1,4% l'an prochain.

Ce budget est celui «d'une ville qui a diminué sa dette et planifié son développement», a affirmé le maire Gilles Vaillancourt en point de presse. «C'est ce qui nous donne la marge de manoeuvre que d'autres villes n'ont pas.»

Pour le propriétaire d'une maison moyenne évaluée à 255 730$, il s'agit d'une augmentation de 39$, pour un avis d'imposition de 2571$. Pour le secteur non résidentiel, la hausse sera un peu plus salée, de 2,3% en moyenne, soit le taux d'inflation envisagé par l'administration Vaillancourt.

Les dépenses s'établissent à 721,3 millions, en hausse de 4,4% par rapport à 2011. La hausse des prix, la rémunération et le régime de retraite des employés expliquent plus de la moitié de cette augmentation. L'effectif gonfle de 82 employés à temps plein et franchit le cap des 3000, avec notamment l'embauche de 32 cols blancs, 15 pompiers et 14 policiers.

Globalement, Laval obtiendra 25 millions de plus en taxes de ses citoyens et entreprises, une hausse de 4,25%.

Jeux de dette

Le maire Vaillancourt s'est en outre félicité de la baisse constante de la dette par habitant, qui s'établirait à 1131$ en 2012. En vertu du calcul fait selon les critères de Québec, cette dette est plutôt de 2333$, en hausse de 6% par rapport à 2011. La différence? Les emprunts faits pour des améliorations locales, une dette de 372 millions à la charge des résidants de secteurs précis, que Laval n'inclut pas dans son calcul.

«Nous ne nous entendons pas avec le Ministère sur ce sujet, car nous estimons que ce serait une distorsion d'ajouter cette somme à la charge de tous les contribuables», a expliqué l'attaché du maire, Jean-Maurice Duddin.

Au Ministère, on note simplement que «les deux méthodes existent», mais qu'il ne s'agit pas de celle retenue pour comparer toutes les municipalités québécoises.

Bien que de façon moins spectaculaire, la dette lavalloise, établie en 2010 à 2750$ par habitant, demeure tout de même sous la moyenne des grandes villes.

Des investissements de plus de 390,6 millions sont prévus, dont 180 millions en réfection des infrastructures. En matière de projets, on a annoncé une somme de 10 millions pour un futur amphithéâtre dans le quartier de l'Agora, 6 millions pour un complexe aquatique et 11,8 millions en amélioration du réseau routier.

Les résidants des environs de l'autoroute 440 profiteront en outre de diverses mesures d'atténuation du bruit, au coût global de 12,2 millions.

Laval, qui a dépassé les 400 000 résidants cette année selon les projections de Statistique Canada, a eu la belle surprise de voir sa cote de crédit AA- améliorée par Standard&Poor's, passant d'une perspective stable à positive.

C'est la cote la plus élevée attribuée aux municipalités québécoises, dépassant même celle d'Hydro-Québec et du gouvernement provincial, a noté le maire Vaillancourt.

Un budget «électoraliste»... mais inattaquable

La construction résidentielle a connu un léger fléchissement l'an dernier, alors que la valeur des permis est passée de 589 à 575 millions.

En ce qui concerne les transports en commun, on a également annoncé une hausse de l'offre de services de 3,8% en 2012, portant l'augmentation totale à «35% depuis l'ouverture des trois stations de métro en 2007», a précisé le maire.

On espère toujours concrétiser le parachèvement de la ligne orange, qui doit relier les stations Montmorency et Côte-Vertu, à Montréal. «On y travaille constamment, nous y croyons toujours», a assuré le maire Vaillancourt.

Quelque 34 millions seront consacrés à l'achat de

44 autobus, dont 36 hybrides. L'autobus électrique sera introduit l'an prochain dans le cadre de projets-pilotes, pour évaluer la fiabilité de cette technologie dans des conditions hivernales.

L'opposition lavalloise, qui ne compte aucun élu, a dénoncé ce budget «électoraliste». Le Mouvement lavallois l'a notamment qualifié de «ramassis de vieilles promesses non tenues, recyclées et présentées dans un emballage neuf». Le chef du Parti au service du citoyen, Robert Bordeleau, a toutefois convenu qu'«on ne pouvait pas vraiment attaquer ce budget économiquement; on a une santé financière à Laval qui est extrêmement bonne».