Frappés par des hausses de taxes municipales de plus de 10% en deux ans, les contribuables montréalais n'ont pas à financer à eux seuls les 55 millions que coûtera le nouveau programme des compteurs d'eau, estime l'opposition officielle à l'hôtel de ville.

Selon ce nouveau programme, quelque 16 200 compteurs seront installés progressivement dès l'an prochain dans les industries, commerces et institutions (ICI) de Montréal. Il s'agit d'un projet nettement plus modeste que le fameux contrat de 195 millions accordé en 2007, dans la controverse, au consortium GÉNIeau et qui a été annulé deux ans plus tard. Mais la Ville doit aller plus loin, a déclaré lundi matin la chef de Vision Montréal, Louise Harel, en point de presse.

«Nous voulons faire épargner 55 millions aux ménages montréalais, en faisant comme Québec. En 2009, on a exigé que l'installation des compteurs d'eau soit à coût nul pour les contribuables.»

Longueuil, Laval et Sorel-Tracy ont chacun mis sur pied un «scénario» pour que la facture soit entièrement assumée par les ICI, a-t-elle expliqué.

Ce ne sera pas le cas à Montréal, a précisé Chantal Rouleau, mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) et vice-présidente de la Commission sur l'eau. Les commerces et industries auront à assumer des frais de préparation et l'installation de clapets antirefoulements, mais tout le reste est aux frais de la Ville.

«On est d'accord avec ce programme dont le but est de rétablir l'équilibre, faire payer les ICI qui sont les plus grands consommateurs d'eau, a expliqué Mme Rouleau. Mais pourquoi ce sont encore les citoyens qui paient? Québec a appris des erreurs de Montréal, Montréal devrait apprendre des bons coups de Québec.»

Lutte contre la collusion

Montréal s'apprête à investir des sommes records, plus de 789 millions, au cours des deux prochaines années pour la réfection de son réseau d'eau, a rappelé Mme Rouleau. L'administration Tremblay doit s'assurer que ces contrats soient accordés sans que des soupçons de collusion et de corruption viennent entacher le processus.

«Nous comprenons les besoins, mais il faut avoir la garantie qu'il n'y aura pas de dépenses inutiles, a dit la mairesse de RDP-PAT. Il n'y a pas de raisons pour que ce soit uniquement les contribuables montréalais qui paient.»

«Mme Harel a pris la mauvaise habitude de se substituer à une commission, a répliqué le maire Gérald Tremblay. On leur fait confiance [à la Commission sur l'eau], on va attendre leurs recommandations. On prendra notre décision après cela, je pense que c'est respectueux.»