Les avions qui décollent et atterrissent à l'aéroport de Saint-Hubert sont une telle «nuisance» qu'un groupe de citoyens lance un recours collectif contre l'autorité aéroportuaire, des entreprises d'aviation et le gouvernement fédéral. Une poursuite qui pourrait atteindre 380 millions, et qui est financée par des fonds publics.

Les résidants de Longueuil, regroupés sous la bannière du Comité antipollution des avions de Longueuil (CAPA-L), affirment qu'ils subissent un «important stress et des inconvénients considérables». Selon eux, c'est la conséquence d'une «nouvelle orientation» adoptée par l'aéroport en 2009, qui a provoqué une augmentation du trafic aérien.

Les Longueuillois qui habitent près de l'aéroport affirment que le bruit causé par le va-et-vient des appareils empoisonne leur qualité de vie. Ils disent impossible de profiter de leur cour arrière, et ils affirment que la suie qui s'échappe des aéronefs salit leur maison.

Ils reprennent les conclusions d'un rapport de la Direction de la santé publique de la Montérégie, selon lequel les personnes qui composent avec le bruit au quotidien «pourraient être plus stressées, avoir des difficultés de concentration, être sujets à un déficit d'attention, des troubles du sommeil, etc.».

«Le bruit généré par les avions a atteint un tel niveau de nuisance au point (sic) que plusieurs membres du groupe songent à vendre leur propriété et craignent de subir une réelle dévalorisation de la valeur de celle-ci», peut-on lire dans la requête.

Les plaignants ne poursuivent pas seulement la direction de l'aéroport de Saint-Hubert, ils attaquent aussi la société parapublique Nav Canada, le gouvernement fédéral ainsi que cinq entreprises qui exploitent des écoles de pilotage.

Ils demandent au tribunal de prendre les mesures nécessaires pour limiter le mouvement des avions «causant un trouble de voisinage». Ils exigent aussi un dédommagement de 7500$ par année, par personne incommodée par le bruit.

Le CAPA-L estime que 17 000 personnes sont victimes du bruit à l'aéroport. Si la Cour supérieure leur donne raison sur toute la ligne, ils pourraient se partager jusqu'à 382 millions.

Fonds publics

La poursuite est financée par des fonds publics. Le Fonds d'aide aux recours collectifs, qui relève du ministère québécois de la Justice, a en effet accepté de parrainer le CAPA-L dans sa lutte contre l'aéroport.

L'organisme à but non lucratif qui administre l'aéroport, DASH-L, a adopté l'an dernier un règlement qui limiterait les heures de décollage et d'atterrissage. Mais il n'a jamais été appliqué puisque des sociétés d'aviation l'ont contesté devant les tribunaux. L'affaire est devant la Cour d'appel.

Avec ce recours collectif, DASH-L fait maintenant face à cinq poursuites, toutes intentées au cours des deux dernières années. Les quatre autres actions ont été entreprises par des firmes d'aviation.

Le président de DASH-L, Pierre-Hugues Miller, s'explique mal la poursuite du CAPA-L, lui qui multiplie les efforts depuis deux ans pour apaiser la nuisance causée par le bruit. Il affirme qu'il n'y a eu aucune «nouvelle orientation» adoptée par son organisme en 2009, contrairement à ce qu'affirment les plaignants.