Les maires des petites et grandes villes de la région de Montréal, excédés par les problèmes de circulation qui paralysent la métropole, demandent aux ministres des Transports du Québec et du Canada de «convoquer dès maintenant un comité d'urgence» afin de planifier la réalisation des grands travaux et de coordonner les mesures d'atténuation pour améliorer la fluidité de la circulation.

Réunis en conseil, hier matin, les élus de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ont adopté une résolution demandant à Québec et Ottawa de convoquer ce comité, formé d'élus des trois ordres de gouvernement. Ils demandent aussi aux gestionnaires des grandes infrastructures, comme les ponts Champlain et Mercier ou l'échangeur Turcot, «d'évaluer les risques découlant de l'état des infrastructures du réseau routier» afin d'aider les municipalités à déployer les moyens nécessaires pour éviter des conflits entre les grands chantiers gouvernementaux et les travaux d'infrastructures municipales.

Le sujet n'était même pas à l'ordre du jour, mais la résolution, déposée par le maire de Brossard, Paul Leduc, et appuyée par Michel Bissonnet, du comité exécutif de Montréal, a été adoptée à l'unanimité par les 25 élus qui représentent Montréal, Laval, Longueuil et les municipalités de banlieue. Au conseil de la CMM, cette unanimité est en soi une sorte d'exploit.

C'est la fermeture prolongée, sans préavis, de la moitié du pont Mercier, annoncée mardi soir par le ministère des Transports du Québec, qui a mis le feu aux poudres. Même si personne n'a contesté les motifs de sécurité avancés par le MTQ pour justifier la fermeture, les embouteillages qui en découlent irritent au plus haut point les dirigeants municipaux, qui doivent gérer les retombées de décisions qu'ils n'ont pas prises et qu'ils n'ont pas vues venir parce qu'ils n'étaient pas informés des risques potentiels pour la sécurité des automobilistes.

«Le pont Mercier, a dit une source qui a préféré garder l'anonymat, ce n'est pas une goutte d'eau, c'est une piscine au complet qui a fait déborder le vase.»

Le maire Tremblay inquiet

Le maire de Montréal et président de la CMM, Gérald Tremblay, l'a reconnu dans un communiqué diffusé hier: «De très nombreux projets de construction et de reconstruction du réseau routier sont prévus et en cours dans le Grand Montréal, notamment ceux de l'axe du pont Champlain et de l'échangeur Turcot. Ces seuls chantiers compliquent énormément la mobilité des biens et des personnes. La fermeture partielle du pont Mercier vient entraver encore plus la circulation dans la région. Je suis inquiet des impacts économiques et environnementaux de cette situation.»

«La fermeture du pont Mercier, a dit à La Presse Yves Phaneuf, conseiller à la direction générale de la CMM, s'ajoute aux bretelles fermées de l'échangeur Turcot, aux chantiers qui commencent dans les municipalités, à des fermetures de rues pour les événements d'été. C'est vraiment majeur. Le MTQ a répondu rapidement et l'AMT a mis des mesures en place, mais il y a plein de dommages collatéraux. Et le trafic se déverse où? Dans les rues des villes. Cela affecte tout le monde.»

Les élus exigent donc d'être consultés ou, à tout le moins, informés des travaux projetés et des possibilités de fermeture d'urgence lorsqu'un ministère a des raisons de soupçonner de possibles défaillances des infrastructures de transport. Le comité, précise M. Phaneuf, serait formé d'élus, appuyés par des organismes comme l'Agence métropolitaine de transport (AMT), responsable des réseaux de transports collectifs métropolitains, et par les sociétés de transport qui relèvent des municipalités, à Montréal et en banlieue.