À la veille de ses 70 ans, Gilles Vaillancourt n'en est pas à sa première controverse. Avec plus de 37 ans au conseil municipal de Laval, on ne compte plus le nombre d'adversaires politiques qui ont tenté de jeter le doute sur l'intégrité du maire, qui règne sans partage sur l'île Jésus depuis 21 ans.

Né en 1941 à Laval-des-Rapides d'une famille de commerçants, Gilles Vaillancourt a d'ailleurs travaillé un certain temps pour le magasin de meubles de ses parents. Il en a retiré une certaine expérience: «Quand tu peux vendre un réfrigérateur à quelqu'un, tu peux tout faire», a-t-il déjà dit en entrevue.

Reconnu partout dans son quartier natal, il en devient le conseiller en novembre 1973 dans l'équipe du maire Lucien Paiement, qui le nomme sans attendre au comité exécutif de la Ville. Après un court séjour dans l'opposition de 1981 à 1984, il se joint à son adversaire d'alors, Claude-Ulysse Lefebvre, pour le soutenir contre deux conseillers qui viennent de rater un putsch à la mairie. Il est alors nommé président du comité exécutif.

Élu maire pour la première fois en 1989, il essuie ses premières critiques alors que sa maison de l'île Paton est construite dans une zone inondable réglementée par le ministère de l'Environnement. Au fil de ses années à la mairie, Laval vit une période faste de croissance immobilière et commerciale avec la mise en place d'un «centre-ville» au carrefour de l'autoroute 15 et du boulevard Saint-Martin, l'inauguration de trois stations de métro dans le quartier Laval-des-Rapides, la reconnaissance d'une cité des biotechnologies autour de l'Institut Armand-Frappier ainsi que la construction d'un nouveau pont reliant Montréal à Laval dans l'est de l'île, un projet qui lui tenait à coeur.

L'an dernier, les partis de l'opposition, sans siège au conseil municipal, ont demandé la tenue d'une enquête après que La Presse eut révélé que huit entreprises s'étaient partagé les trois quarts des sommes versées par la Ville en contrat de travaux publics, soit 288 millions entre 2001 et 2008. Pour cette même période, les sociétés dirigées par l'homme d'affaires Tony Accurso raflaient à elles seules le quart des sommes attribuées par la Ville.

Gilles Vaillancourt connaît sa ville comme le fond de sa poche. Il est du genre à appeler un citoyen le dimanche matin pour s'occuper d'une chicane de clôture, a écrit la collègue Sara Champagne dans La Presse en 2009. Durant les séances du conseil municipal, il n'hésite jamais à interpeller les citoyens par leur nom et ne laisse que très peu de place aux conseillers de son parti.

Le maire de Laval s'est bâti au fil du temps une solide réputation dans le monde municipal. «Je me souviens d'avoir vu des gens agir avec lui comme s'il s'agissait du ministre des Affaires municipales», a raconté l'ancien maire d'Outremont Jérôme Unterberg, qui l'a côtoyé un certain temps au bureau de l'Union des municipalités du Québec. «Je suis un bon négociateur, avait dit Gilles Vaillancourt à La Presse en 2005. Je sais ce que je veux et je sais ce que mes interlocuteurs peuvent m'offrir.»