La mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, a mis la table à une hausse de l'impôt foncier, hier, après avoir exposé les détails de l'impasse budgétaire de 29,2 millions de dollars annoncée mardi soir.

«Ce qu'on veut éviter, c'est une grosse augmentation du compte de taxes, a-t-elle affirmé. Mais en même temps, il faut faire face à la réalité.»

 

Invitée à rappeler ses engagements électoraux à l'égard du fardeau fiscal des citoyens, Mme St-Hilaire a affirmé: «Ce qu'on avait dit, c'est qu'on voulait maintenir au plus bas niveau possible le compte de taxes. Nous n'avions pas pris l'engagement d'un gel de taxes.»

Mardi soir, l'administration St-Hilaire a déposé un «rapport complémentaire» sur les états financiers au conseil municipal. Le document révèle que la Ville a cumulé un passif de 29,2 millions au cours du dernier mandat.

Si cette somme devait être remboursée d'un seul coup en 2010, il faudrait hausser l'impôt foncier de 12% pour garder les finances publiques à flot, calcule la mairesse.

«L'ancienne administration a décidé d'utiliser la bonne vieille formule d'acheter maintenant et de payer plus tard, a affirmé Mme St-Hilaire. Je pense que c'est irresponsable.»

Trois éléments expliquent les ennuis financiers de la Ville.

D'abord, l'administration Gladu a réduit au minimum le paiement de la dette pendant les années 2007 et 2008. La Ville doit aussi rembourser un crédit sans intérêt de 6,3 millions que lui a consenti RCI Environnement pour la collecte des ordures dans le Vieux-Longueuil. Et la quote-part pour le financement de l'agglomération s'est soldée par une facture de 3,2 millions, que l'administration Gladu avait décidé de payer en cinq ans à partir de 2010.

Caroline St-Hilaire assure que la découverte de ce trou budgétaire ne servira pas d'excuse pour ne pas mettre en oeuvre son programme électoral. «Ça se peut que ça prenne un petit peu plus de temps que prévu, a-t-elle admis. Par contre, on a quatre ans pour le faire.»

Le chef de l'opposition, Gilles Grégoire, n'a pas voulu répondre aux questions sur les finances de la Ville, hier. Dans un communiqué, il a accusé la mairesse de noircir la situation.

«En faisant porter le blâme sur les décisions du passé, on nous a servi la formule classique d'une nouvelle équipe qui prend le temps de se saisir complètement des dossiers, a-t-il dit. C'était prévisible.»

Scénario «prématuré»

Les difficultés budgétaires de Longueuil étaient connues de l'ancienne administration, affirme Robert Charland, responsable des finances de l'ex-maire Claude Gladu. Mais les chiffres présentés par la nouvelle mairesse ne correspondent pas à ceux qu'il avait vus.

M. Charland, qui a quitté la politique avant les dernières élections, estime que le scénario d'une hausse de l'impôt foncier de 12% brandi par la nouvelle mairesse est «prématuré».

«On savait qu'on avait des pressions, a-t-il affirmé à La Presse. À cause entre autres des travaux d'infrastructure, la dette avait augmenté de façon considérable. Mais de là à dire qu'il faudrait une hausse de taxes de 12%, absolument pas.»