Devant la demande croissante d'énergie sur la Rive-Sud de Montréal, Hydro-Québec veut construire un nouveau poste de transformation à Saint-Bruno d'ici 2013. Les citoyens de cette petite municipalité se battent pour empêcher la venue de cette structure métallique grande comme un terrain de soccer. Mais dans cette lutte, ils ont l'impression d'être très peu écoutés.

Hydro-Québec a annoncé en mars dernier qu'elle construira un poste de transformation en Montérégie. «La demande d'énergie est croissante dans ce secteur. Il y a plusieurs développements immobiliers qui attirent de nouveaux résidants. Mais aussi, les gens consomment plus qu'avant», explique la responsable des relations avec le milieu d'Hydro-Québec, Lucie Brodeur.

 

Cet été, Hydro-Québec a mené des consultations publiques à Saint-Bruno, afin de mesurer l'acceptation sociale de ses quatre emplacements potentiels, tous situés à Saint-Bruno. Le résidant Mario-Charles Paris a été surpris de voir lors de la deuxième consultation, que seulement deux emplacements étaient finalement retenus. «Les deux sites qui restaient sont ceux qui sont le plus près des résidences. C'est insultant!» dit-il.

De sa maison, M. Paris voit très bien l'un des deux emplacements retenus par Hydro-Québec. Ce citoyen, qui a déjà un immense pylône électrique à quelques mètres de sa cour, ne veut pas du poste de transformation. «Je crains les effets des ondes électromagnétiques. Et Hydro fait des millions de profits chaque année alors que moi, je vais perdre des milliers de dollars en dévaluation sur ma maison... C'est injuste», commente-t-il.

Lors de la dernière séance de consultations, le 16 septembre dernier, plus de 300 citoyens de Saint-Bruno sont venus dénoncer le projet d'Hydro-Québec. «On a déposé une pétition de 1080 noms. Et on a demandé une consultation publique. Nos demandes sont restées lettre morte», critique la citoyenne Lorraine Dubois.

Lors de cette rencontre, les citoyens ont aussi proposé à Hydro-Québec d'ériger son poste au nord de l'autoroute 30, dans des zones industrielles inhabitées. «Mais on nous dit que c'est impossible de passer les fils sous l'autoroute. J'ai de la misère à croire qu'Hydro est capable d'exporter de l'électricité aux États-Unis, mais n'est pas capable de passer des fils sous une autoroute! note le résidant André Leclerc. On voit qu'Hydro n'en a rien à cirer du côté humain.»

Les citoyens de Saint-Bruno dénoncent aussi le manque d'action du maire de la municipalité, Claude Benjamin. «Il a simplement envoyé une lettre à Hydro-Québec. Mais on ne le sent pas de notre côté», dit M. Leclerc.

Le maire Benjamin réplique qu'il a toujours été contre le projet. Selon lui, «Saint-Bruno a assez donné». «On a déjà donné 30% de nos terrains industriels à Hydro-Québec. C'est assez, dit-il. Nous n'avons pas l'intention d'acquiescer», dit M. Benjamin, qui reconnaît toutefois «qu'il pourrait y avoir une décision» sans que Saint-Bruno ne puisse y faire grand-chose.

Le chef du Parti montarvillois, Martin Murray, accuse le maire d'avoir tardé à agir dans le dossier. «Il a pris position sur le tard. Pour nous, c'est clair: Hydro doit regarder de l'autre côté de la 30 et pas à côté des résidences à Saint-Bruno», dit-il.

Le candidat indépendant, André Besner, souhaite que le poste de transformation ne soit pas construit en zone résidentielle. «Et j'aimerais que le facteur humain soit le premier critère évalué pour le choix du site», dit-il.

Mme Brodeur assure que l'objectif d'Hydro-Québec «n'est pas de nuire à quiconque». «Mais comme vous savez, les gens ne nous appellent pas pour nous dire de venir s'installer chez eux. Pour nous, il faut trouver le site de moindre impact», dit-elle. L'emplacement choisi sera connu le printemps prochain.