Demain, les Lambertois se prononceront par référendum sur le genre de ville dans laquelle ils veulent vivre. Leur approbation ou leur rejet du nouveau plan d'urbanisme de Saint-Lambert aura également des conséquences politiques.

Désuet, le plan d'urbanisme de 1989 doit être remplacé. La Ville le prépare depuis deux ans. Le 25 février, 779 citoyens l'ont rejeté en signant un registre. Ils avaient appris qu'il ouvrirait la voie à la construction d'immeubles de six à huit étages. Des secteurs de la ville ont besoin d'être enjolivés, mais la perspective de voir Saint-Lambert perdre de son cachet patrimonial effraie bien des gens.

 

«On ne veut pas que Saint-Lambert devienne un Brossard, dit le citoyen Daniel Huot. C'est pour ça qu'on a choisi de vivre à Saint-Lambert!»

Pour François La Roche, qui appuie le plan, des secteurs nécessitent d'être revitalisés, notamment près de la rue Grand Trunk et des installations d'ItalGlass, écrit-il sur son blogue (blog.francois.laroche.name). Martin Boyer, qui représente le camp du Oui, a pour sa part dit à la radio FM 103,3 jeudi que la «philosophie de construire en hauteur» est soutenue par le gourou de l'écologie David Suzuki et que l'intégration de ces immeubles «sera harmonieuse» et «évitera l'étalement urbain».

Jean-Claude Champagne, représentant du Non, a répliqué que «les gens ne sont pas intéressés à avoir des murs de huit mètres devant chez eux» et que l'administration Finn-Lortie «est déconnectée des citoyens». Pour Simon Denault, également partisan du Non, le développement durable doit concilier les préoccupations sociales, environnementales et économiques. «Saint-Lambert n'est pas Montréal, dit-il. Implanter des tours d'habitation dans un milieu résidentiel de deux ou trois étages a des impacts sur la qualité de vie: rupture de l'harmonie architecturale, perte de luminosité, augmentation de la circulation, couloirs de vent. Et c'est loin d'être certain qu'avec le transport en commun qu'on a sur la Rive-Sud, les futurs résidants des tours de huit étages vont par magie délaisser la voiture pour le train.»

Le maire Sean Finn ne partage pas ces appréhensions. Il donne l'exemple de l'immeuble du 222, rue Woodstock, qui compte 15 étages, comme preuve qu'il y a moyen de construire des édifices de hauteurs variables qui ne détonnent pas dans le paysage.

«Si le Oui l'emporte, la Ville ne pourra arrêter la densification de son territoire», dit de son côté M. Champagne.

«Le plan d'urbanisme est bon pour les familles, crée des espaces verts et on espère que cela va amener des projets qui remettront à neuf des secteurs délabrés», estime M. Finn. Du coup, des promoteurs immobiliers ont hâte de voir les résultats du référendum et ne s'en cachent pas.

Le promoteur Serge Lemieux fait partie du comité du Oui. Les 300 copropriétaires des hauts immeubles de l'ensemble Rive-Droite, bâti par le groupe de M. Lemieux, ont reçu chez eux une pub en faveur du Oui jeudi. Et le maire a pris part à une séance d'information sur le sujet avec M. Lemieux dans ce quartier.

«M. Lemieux a construit des édifices en hauteur, mais aussi des bungalows», dit M. Finn, qui habite dans le secteur bâti par M. Lemieux, lequel a d'ailleurs vendu une maison à la famille Finn en 1999.

Le référendum coûtera 150 000$. Il aurait pu être évité si l'administration avait modifié ce qui irrite une partie de la population. Mais le maire avait promis un référendum, dit-il. Donc, il aura lieu. Il aura des conséquences politiques. La conseillère Jill Lacoursière, qui a souvent soutenu le maire, votera Non, comme le conseiller Martin Croteau. Si le Oui l'emporte, désabusée, elle quittera la politique. Si le Non l'emporte, c'est le maire Finn, qui risque de réfléchir à son avenir, même s'il ne veut pas en parler. Le fils de l'ex-ministre libéral André Bourbeau, Éric Bourbeau, pourrait-il lui succéder? Le maire ne veut pas répondre à cette question. André Bourbeau a signé la pub du camp du Oui. Éric Bourbeau n'a pas rappelé La Presse.

«Nonobstant le résultat du 3 mai, il y a une chose que le camp du Non aura probablement réussie, c'est d'avoir sensibilisé la population à l'urbanisme», écrit François La Roche sur son blogue. Le vote aura lieu de 10h à 20h. Les résultats seront officiels demain soir.

Sites web des comités:

nonle3mai.com

oui-st-lambert.blogspot.com