Le comité exécutif de Montréal a congédié, hier, Joseph Hélal, directeur adjoint de la Direction des systèmes d'information (DSI) de la Ville, relativement à la fraude de 8 millions au service informatique de la Ville, a appris La Presse.

M. Hélal était un cadre important de la Ville. En 2001, il était directeur adjoint de la Division de la gestion des technologies de l'information (DGTI) à la Communauté urbaine de Montréal. En 2003, il était chef de division Ressources financières et informationnelles à la Ville avant d'être promu directeur adjoint à la DSI. La Ville le congédie pour «son manque de gestion» dans l'affaire de la facturation frauduleuse de certaines firmes informatiques.

La fraude, qui a entraîné le congédiement de Gilles Parent, chef de division de la DSI, en septembre, fait l'objet d'une enquête par la Sûreté du Québec. Aucune accusation n'a encore été portée dans cette affaire.

«C'est M. Hélal qui dirigeait M. Parent, dit Jean-Yves Hinse, directeur des Relations professionnelles à la Ville. C'était son patron immédiat. On ne s'explique pas comment il se fait qu'il n'ait pas été en mesure de découvrir les agissements de M. Parent. C'est un manquement grave à la gestion en tant que responsable du bureau de projets.»

M. Hinse précise que Joseph Hélal «n'avait pas de connivence avec M. Parent». «On s'est demandé si M. Hélal était au courant ou non, dit M. Hinse. Quand on constate qu'il n'était pas au courant, donc à un moment donné, il n'a pas fait sa job de gestion. Par ailleurs, il n'y a pas d'indication encore aujourd'hui pour dire si M. Parent avait, oui ou non, des gens de l'interne de connivence avec lui. Mais nos enquêtes se poursuivent.»

M. Hinse ne sait pas si Joseph Hélal contestera son congédiement, ce qu'il peut faire devant la Commission des relations de travail. La décision de son congédiement lui a été signifiée hier après-midi.

M. Hélal était membre du Réseau de l'informatique municipale du Québec en 2006 et 2007. Il a été nommé l'an dernier vice-président de l'Association des systèmes d'information municipale du Canada. Il succédait alors à Daniel Malo, un autre cadre du service informatique de Montréal parti à la retraite après que la Ville eut ouvert son enquête interne sur la fraude. «Mais on n'associe pas, de près ou de loin, M. Malo au processus d'enquête de cette fraude», précise M. Hinse.

En février, la Ville disait avoir récupéré 2 des 8 millions de cette fraude. Rien de plus n'a été récupéré. «On est toujours en discussion avec les différentes firmes pour récupérer les sommes manquantes, dit M. Hinse. On est assez avancés avec plusieurs firmes. On est confiants d'en récupérer une grande partie au cours des prochaines semaines. Rien ne nous indique que le montant de la fraude sera supérieur à 8 millions, mais c'est un casse-tête multidimensionnel.»

La réforme de la DSI se poursuit avec l'aide de Pierre Winner, directeur de la mise en place du modèle organisationnel. Sorte de «nettoyeur municipal», M. Winner est en train de faire de la reddition de comptes un principe de base de la DSI, comme il l'a fait dans l'arrondissement d'Outremont après l'affaire Stéphane Harbour. «Notre enquête nous a permis de constater que si des consultants travaillaient pour la Ville, les gestionnaires ne signaient pas nécessairement en tout temps les feuilles de temps, dit M. Hinse. C'est maintenant exigé en tout temps.»

La DSI est dorénavant dirigée par Michel Archambault, assisté de quatre chefs de division: Georges Dion pour la division Application-Mission, Daniel D. Lemay pour la division Application-Corporatifs et Gervais Thibault et Maryse Robichaud pour la division Technologie. Pour 2009, la DSI dispose d'un budget de 35,4 millions, en augmentation de 4 millions par rapport à 2008.