La police de Montréal a de quoi se réjouir. Depuis la création de son service de police actuel, en 1972, jamais la métropole n'a recensé aussi peu d'homicides sur son territoire.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a annoncé cette semaine les 22e, 23e et 24e homicides de 2008.

Mais 24 homicides, c'est encore bien peu pour la métropole: la moyenne des 36 dernières années est de 65, selon les données fournies à La Presse. L'an dernier seulement, le SPVM en a recensé 41.

 

L'année 2008 pourrait permettre de battre le record de 2005 alors que 35 homicides avaient été commis dans l'île de Montréal. Les statistiques sur les homicides sont calculées depuis 1972, année de l'intégration des corps de police des municipalités de la Communauté urbaine de Montréal.

«Parfois, une année qui compte peu d'homicides recense en revanche davantage de tentatives de meurtre. Mais cette année, ce n'est pas le cas», a précisé le commandant de la Section des crimes majeurs de la police de Montréal, Clément Rose. Le SPVM compte à ce jour 59 tentatives de meurtre, soit deux fois moins que la moyenne des 10 dernières années.

Comment expliquer ces baisses? «En premier lieu, explique le commandant Rose, Montréal n'est plus le théâtre de guerres de motards ou de gangs de rue. Oui, il y a certains conflits, mais ils sont ponctuels.» Jusqu'à aujourd'hui, 7 des 24 homicides sont directement liés aux gangs, contre 14 sur 41 l'an passé.

Les autres homicides sont deux crimes passionnels, cinq crimes familiaux, un vol, une querelle, deux règlements de comptes, un crime lié à la mafia, deux aux trafic de stupéfiants, un autre lié à une mauvaise administration de médicament et deux causes inconnues.

Le taux de résolution des enquêtes sur les crimes majeurs est jusqu'à maintenant de 80%. En moyenne, il est de 65% à 70%, précise M. Rose.

Éclipse, un facteur?

Marc Ouimet, professeur à l'École de criminologie de l'Université de Montréal, croit que l'arrivée du Groupe éclipse n'est pas étranger à cette soudaine diminution. Depuis l'été, cette nouvelle escouade de 66 policiers lutte à temps plein contre les gangs de rue.

«Quand la pression policière monte, les têtes dirigeantes des groupes criminalisés peuvent dire à leurs membres de se tenir tranquilles, avance M. Ouimet. Les homicides nuisent aux activités commerciales.»

Le professeur cite l'exemple du «Boston gun project», un programme de lutte contre les gangs mis en place à Boston en 1995. Le nombre d'homicides avait chuté de 152 à 31 entre 1990 et 1999.

Par ailleurs, Marc Ouimet souligne que la criminalité est en baisse constante en Occident depuis le début des années 90. Le vieillissement de la population, la situation économique favorable et le risque de détection plus élevé (ADN, caméras de surveillance, etc.) expliquent cette diminution globale, selon le professeur.