Les psychiatres du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) reprochent au CSSS Jeanne-Mance d'avoir mis au point «en vase clos» le plan clinique du nouvel hôpital Notre-Dame. S'il est mis en place, le problème de débordement des urgences risque de s'aggraver et il n'y aura pas suffisamment de lits d'hospitalisation pour desservir la population psychiatrique et toxicomane du centre-ville, préviennent-ils.

Dans une lettre adressée au ministre de la Santé, que La Presse a obtenue, dix médecins de l'hôpital Notre-Dame, dont le chef du département de psychiatrie du CHUM, Paul Lespérance, exigent que les médecins soient consultés avant que le plan ne soit entériné par le Ministère.

«Les éléments qu'on y retrouve nous semblent inquiétants, car dissociés de la réalité clinique que nous vivons au quotidien sur le terrain», écrit l'auteur de la lettre, le Dr Olivier Farmer, adjoint au chef du département de psychiatrie pour la psychiatrie urbaine et psychiatre répondant de l'équipe itinérance du CSSS Jeanne-Mance. «Ce plan semble avoir été élaboré sans consultation, ni avec les équipes cliniques de l'actuel CHUM, ni avec les médecins qui seront en principe appelés à oeuvrer dans le nouvel hôpital.»

Notre-Dame est un hôpital universitaire affilié à l'Université de Montréal, mais avec la construction du nouveau CHUM, il sera transformé en hôpital communautaire d'au moins 300 lits, avec une mission complémentaire «urbaine» visant des populations aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale. À partir de 2016, il relèvera du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance.

>>>Lisez la lettre cosignée par les neuf médecins de l'hôpital Notre-Dame.

Plan approuvé

L'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, structure gouvernementale qui chapeaute le réseau de santé montréalais, a approuvé la semaine dernière les grandes lignes du plan clinique du CSSS Jeanne-Mance, qui prévoit des urgences de 41 civières pouvant accueillir 54 000 patients par année, soit 10 000 patients de plus que les actuelles urgences de Notre-Dame.

On veut réserver 42 lits à la psychiatrie et à la toxicomanie, alors que l'hôpital Notre-Dame compte plus de 85 lits consacrés à ces secteurs. Le nouveau CHUM n'aura que 38 lits en toxicomanie et santé mentale.

«Avec une urgence plus importante et moins de ressources d'hospitalisation, on peut déjà anticiper que le problème d'engorgement des urgences du centre-ville, déjà critique, s'empirera considérablement et deviendra ingérable si ce plan est mis à exécution», poursuit la lettre.

«Pour nous, qui nous considérons responsables du bien-être de nos patients ainsi que de la mission populationnelle en santé mentale du centre-ville, ce scénario n'est pas acceptable.»