Dix-neuf centres de traitement des dépendances pourraient fermer leurs portes dans la province si Québec décide d'aller de l'avant avec sa réforme de l'aide sociale.

Le gouvernement péquiste veut limiter les traitements défrayés pour les prestataires de l'aide sociale désirant traiter une dépendance à une durée maximale de 90 jours.

Les 19 centres qui offrent des traitements de cinq mois ou plus sont donc directement menacés par la réforme, estime l'Association des centres de traitement des dépendances du Québec (ACDTQ). Son directeur général, Vincent Marcoux, croit que les autres centres du réseau - qui compte 54 établissements - devront également réduire leur offre de services.

Si la réforme de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, est adoptée, près du quart du financement gouvernemental alloué pour couvrir les frais de séjour en toxicomanie sera coupé. Il s'agit d'une ponction de 5,6 millions $ sur une enveloppe budgétaire de 24,6 millions $.

«Le projet de règlement détruira un réseau de services communautaires en dépendance qui existe depuis plus de vingt ans, dénonce M. Marcoux. Les dangers de ce règlement sont réels. Ce ne sont pas que des inquiétudes ou des craintes.»

Des représentants de l'ACDTQ iront rencontrer la ministre Maltais jeudi pour tenter de la convaincre d'abolir cette limite de 90 jours. Étude à l'appui, M. Marcoux compte démontrer à la ministre que des traitements de longue durée sont souvent nécessaires pour vaincre de façon définitive une dépendance.

En vertu de cette réforme, ce sont les centres eux-mêmes ou encore les usagers qui devront défrayer les frais des séjours de désintoxication après trois mois. «Mais la clientèle sur l'aide sociale ne peut pas assumer les frais et elle représente 80% de nos usagers», affirme M. Marcoux.

«En plus, c'est beaucoup plus cette clientèle-là qui a besoin de long terme. C'est une clientèle qui est désaffiliée, qui a des problèmes judiciaires et des problèmes de santé mentale», fait-il valoir.

Il craint que les usagers qui seront contraints de mettre un terme à leur traitement après trois mois se retrouvent en prison ou en centre hospitalier. «Ce sera nettement insuffisant pour eux pour qu'ils arrêtent de consommer», plaide M. Marcoux.

Il ajoute que le secteur dépendance était déjà le parent pauvre du secteur de la santé et des services sociaux. «Mais on va arriver à la rencontre avec des solutions parce qu'on est conscient que la ministre Maltais est soucieuse qu'il n'y ait pas de profiteurs», conclut-il tout en refusant de dévoiler publiquement toutes ses cartes.