Après deux semaines de grève, les ambulanciers affiliés à la CSN devraient voir les négociations avec leurs patrons reprendre bientôt.

Le bureau du ministre de la Santé Réjean Hébert a annoncé hier qu'«un contact sera établi dès demain [aujourd'hui] et qu'un échéancier sera établi par la suite», a indiqué l'attachée de presse Ariane Lareau. Elle a fait valoir que les négociations entre les syndiqués et leurs patrons «vont reprendre très bientôt».

Selon les syndiqués, les négociations étaient rompues depuis le début du débrayage, le 23 décembre dernier. «Il n'y avait personne autour de la table», a affirmé Réjean Leclerc, porte-parole syndical.

La dernière convention collective est arrivée à échéance il y a trois ans. Une entente de principe avait été conclue en juillet dernier, sous le gouvernement libéral de Jean Charest, mais les ambulanciers l'avaient rejetée massivement.

Le gouvernement péquiste souhaite conserver l'essentiel de l'entente conclue par son prédécesseur. «Elle a été conclue par l'ancien gouvernement et nous sommes très à l'aise avec ça, a fait valoir le ministre Hébert à l'émission de Paul Arcand, à la mi-décembre. Les finances publiques étant ce qu'elles sont, je ne pense pas qu'on puisse aller plus loin du côté salarial.»

Par ailleurs, les travailleurs ont manifesté hier à Montréal pour marquer le coup d'envoi d'une tournée provinciale destinée à convaincre les élus du bien-fondé de leurs revendications.

La grève des 2500 ambulanciers membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), soit quelque 60% des travailleurs du secteur au Québec, touche la plupart des régions, dont Montréal et Québec.

Impact

Le bureau du ministre a affirmé samedi que la grève des ambulanciers a un impact négatif sur les services d'urgence des hopitaux du Québec, tout en refusant de critiquer les syndiqués.

Parmi les moyens de pression administratifs qu'ils ont mis en place, les ambulanciers n'annoncent plus leur arrivée dans les hôpitaux lorsque le patient qu'ils amènent n'est pas dans un état critique, ce qui est le cas de la plupart du temps.

«Oui, ça peut avoir un impact sur les urgences, effectivement», a affirmé Ariane Lareau, du bureau du ministre Hébert.

Du même souffle, Mme Lareau a qualifié ces moyens de pression de «légaux» et a ajouté qu'ils avaient «déjà été utilisés dans le passé». «Les services essentiels sont maintenus», a-t-elle reconnu.

En entrevue sur les ondes de Radio-Canada, le directeur des communications de cinq hôpitaux de la région de Québec a déclaré que les moyens de pression des ambulanciers accroissent les difficultés dans les urgences, déjà débordées.

«C'est un irritant supplémentaire. Habituellement, les ambulanciers nous préviennent de l'arrivée d'un patient et de sa condition, a affirmé Richard Fournier. Maintenant, ils ne le font plus, ce qui complique la tâche de nos équipes.»

Les ambulanciers, pour leur part, ont juré que cette politique n'existe que dans la région de Québec. Dans cette région, «la seule différence que ça provoque, c'est que le patient qui est stable va attendre un peu plus longtemps», a admis M. Leclerc.

Partout ailleurs dans la province, les moyens de pression administratifs n'auraient aucun effet sur les urgences. Seule répercussion de la grève, un peu plus d'ambulanciers peuvent être appelés à sillonner les routes de certaines régions. Le débrayage oblige les employeurs à remplacer 100% des absences, ce qui n'est pas le cas habituellement. «On emmène plus de patients», a affirmé M. Leclerc.

Selon lui, c'est la grippe qui cause l'essentiel des problèmes qui persistent dans plusieurs urgences, «comme chaque année dans le temps des Fêtes».