Les médecins et les pharmaciens ont intérêt à être ouverts à l'idée d'accorder des pouvoirs accrus de prescription aux infirmières, parce que le ministre de la Santé, le Dr Réjean Hébert, est prêt à modifier la loi régissant les actes permis aux infirmières pour y parvenir.

Dans le contexte où les soins à domicile sont devenus une priorité du gouvernement, il a affirmé hier, lors du congrès annuel de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), qu'il a une «volonté ferme» à ce sujet. «Il faut arrêter le «taponnage», a affirmé le nouveau ministre de la Santé, gériatre de profession. Ça fait des années qu'on tergiverse, et ça n'aboutit jamais. Il va falloir que ça aboutisse, parce qu'on a besoin de donner des pouvoirs de prescription aux infirmières dans le suivi des patients, notamment pour le traitement des plaies et certaines maladies chroniques.»

Demande d'ouverture

Il a d'ailleurs appelé les médecins et les autres professionnels du réseau de la santé à un changement de culture pour parvenir à travailler ensemble.

Tout comme son prédécesseur à la Santé, le Dr Yves Bolduc, il a réitéré que le dossier des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) est l'une de ses priorités et qu'il est nécessaire d'en avoir, tant en première ligne qu'en néonatalogie ou en cardiologie. «Il faut arrêter les «guéguerres» professionnelles, a-t-il prévenu. Il faut une culture de qualité des soins dans notre réseau.»

Le ministre Hébert a reçu des applaudissements tièdes de la part des membres de l'OIIQ quand il a annoncé la création d'un «groupe de travail interministériel-partenaires», dont le mandat sera de se pencher sur l'impact d'un DEC-BAC comme diplôme d'entrée dans la profession.

Les membres de l'Ordre ont déposé un mémoire au printemps dernier auprès de l'Office des professions pour que le baccalauréat devienne obligatoire d'ici 2014. Au Canada, le Québec est l'une des seules provinces à ne pas exiger la formation universitaire pour pratiquer la profession.

Afin de rassurer les infirmières, le ministre s'est engagé à demander un rapport intermédiaire en janvier, puis le dépôt de recommandations en juin prochain. Il entend appeler à la table des discussions des membres du ministère de l'Enseignement supérieur, du ministère de l'Emploi, du Conseil du Trésor, ainsi que de l'Office des professions du Québec.

D'autres groupes auront leur mot à dire, comme les syndicats et l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS). À ce sujet, la directrice sortante de l'OIIQ, Gyslaine Desrosiers, a prévenu le ministre que les infirmières en ont assez des comités qui réunissent une vingtaine de personnes, mais qui n'aboutissent jamais.

Le congrès annuel a aussi donné lieu à l'élection de Lucie Tremblay, nouvelle présidente-directrice générale de l'Ordre. Mme Tremblay est une infirmière spécialisée en gériatrie qui a plus de 25 années d'expérience.