Les frites sont sorties des écoles du Québec, mais les boissons gazeuses ou sucrées restent présentes dans 57% des machines distributrices, selon un bilan mitigé de la politique Pour un virage santé à l'école, obtenu par La Presse. Seulement 35% des écoles donnent aux élèves «de nombreuses occasions d'être physiquement actifs» dans le cadre d'activités parascolaires après la classe, même si bouger est une priorité.

> En graphique: Le virage santé en chiffres

Pour dresser ce portrait attendu depuis longtemps, le ministère de l'Éducation (MELS) a sondé 1300 écoles (primaires, secondaires, centres de formation professionnelle et d'éducation des adultes), de mai à octobre 2009.

Une révolution a eu lieu dans les cafétérias: 96% servent désormais une assiette principale contenant au moins un légume d'accompagnement, 75% ont éliminé la friture et la panure, 95% ont renoncé aux populaires frites, comme c'est prescrit depuis 2008.

D'autres directives tardent à être respectées: la vaste majorité des cafétérias ne privilégient pas les grains entiers, offrent des desserts et collations riches (en sucre et en gras) et la moitié n'évitent pas les gras saturés ou trans. À peine 28% des machines distributrices contiennent du lait nature. Deux fois plus de machines proposent des boissons gazeuses ou sucrées, pourtant interdites. «Les boissons énergisantes et les boissons pour sportifs doivent aussi être éliminées», précise le MELS.

Avec une franchise qui les honore, 62% des écoles admettent que les endroits où mangent les jeunes ne sont pas assez «accueillants et conviviaux» pour «faire du repas un moment agréable de la journée scolaire». Ce qui empêche de faire mieux, tant dans l'assiette que dans la déco? Le peu de ressources financières et le manque de collaboration des parents.





Les jeunes bougent plus au privé

Pour prévenir l'obésité, le virage santé vise aussi à faire bouger les élèves. C'est un pari largement réussi aux récréations (67% des écoles permettent un bon ou un très bon niveau d'activité physique), au service de garde (69% ont un niveau bon ou très bon) et au dîner (59%). «Le résultat est cependant plus faible en ce qui a trait aux activités parascolaires se déroulant après l'école (35%)», note le MELS.

Les écoles privées font mieux que le public: leurs élèves ont plus d'occasions d'être actifs dans le cadre d'activités parascolaires et leurs aires de jeux (intérieures et extérieures) sont mieux aménagées et animées.

Fait intéressant, de nouvelles activités de promotion et d'éducation à un mode de vie sain ont été implantées dans 60% des écoles, à l'intention des élèves. Les deux tiers des établissements proposent même des ateliers permettant de développer les habiletés culinaires des jeunes. Une école sur deux a également créé de nouveaux partenariats avec la communauté, par exemple pour utiliser une piscine municipale.

«Il y a des avancées, c'est heureux, a indiqué Suzie Pellerin, directrice de la Coalition poids. On constate une belle évolution en ce qui a trait aux aliments, même si on voit que le virage santé est compromis par le manque de ressources financières. Espérons qu'à la lumière de ce bilan, le MELS donnera un second souffle au virage.»