Le fabricant de médicaments génériques Sandoz promet de vendre ses produits provenant de l'étranger au même prix que ceux fabriqués à son usine de Boucherville si Santé Canada autorise l'importation accélérée de ses produits qui font actuellement l'objet d'une pénurie ici.

Afin de pallier la pénurie de médicaments injectables qui touche le pays depuis plus d'un mois, Santé Canada tente de faciliter l'importation massive de médicaments de remplacement en accélérant le processus d'homologation. Jusqu'à présent, 15 des 19 applications soumises dans le cadre du système de fast-track proviennent de Sandoz. Si les demandes sont acceptées, les 15 produits de Sandoz en attente d'une autorisation d'homologation seront vendus aux prix négociés dans les appels d'offres, a confirmé l'entreprise à La Presse.

Malgré cela, la crise engendrera nécessairement des coûts supplémentaires pour les contribuables, a déclaré hier le ministre de la Santé, Yves Bolduc. La société pharmaceutique est tenue de compenser financièrement les établissements de santé pour l'achat de molécules génériques si elles sont disponibles sur le marché, explique le Dr Bolduc, mais si l'option générique n'est plus disponible, Sandoz n'aura pas à payer la note pour les médicaments brevetés, considérablement plus onéreux.

«Sandoz ne s'enrichira pas de la pénurie», a assuré hier après-midi le ministre Bolduc, en marge de l'inauguration du nouveau centre de formation de l'hôpital Santa-Cabrini, à Montréal. «Mais il y a des endroits où c'est certain qu'on ne leur demandera pas de compenser. S'il y avait un produit qu'ils fabriquaient [à l'usine de Boucherville] et que je suis obligé de le substituer par une molécule qui est bonne pour le patient, mais qui est plus dispendieuse, il y a une partie des coûts qu'on va devoir assumer.»

Groupes d'achats

Au Canada, l'achat de médicaments pour les hôpitaux passe par des groupes d'achats. On en dénombre 11 au Québec, répartis selon les régions administratives. Ces groupes d'achats ont pour mandat de regrouper les besoins des établissements qu'ils représentent et de trouver le plus bas soumissionnaire par l'entremise d'appels d'offres communs. Le groupe d'achat SigmaSanté, qui fournit les centres de santé et de services sociaux de Laval et de Montréal, affirme qu'une des clauses négociées avec Sandoz stipule qu'en cas de rupture de stock, Sandoz doit assumer la différence de coûts avec le produit substitut.

Le ministre Bolduc a aussi indiqué que le Québec devrait avoir d'ici deux semaines un système centralisé qui recense les stocks de tous les établissements de la province, et qui s'inspire du système informatique conçu pendant l'épidémie de grippe A (H1N1).

À l'étude

De son côté, Santé Canada affirme qu'elle examine 26 présentations de médicaments en vue d'un approvisionnement additionnel. «Quinze proviennent de Sandoz (dexaméthasone, granisétron, clindamycine, dobutamine, flumazénil, diazépam, néostigmine, fluconazole, rocuronium, kétamine, furosémide, norphine, naloxone, fentanyl, midazolam) et onze proviennent d'autres fabricants», a écrit dans un courriel la porte-parole de Santé Canada, Christelle Legault. «Sept étaient déjà en attente et sont maintenant traitées de façon accélérée et quatre ont été reçues au cours des deux dernières semaines.»

Santé Canada affirme que cinq usines de l'étranger ont été ajoutées à la licence d'exploitation d'établissement de Sandoz. «Quatre servent à produire des produits de remplacement, alors que la cinquième sert à tester les ingrédients actifs des médicaments», a dit Mme Legault.

Le processus d'homologation de Santé Canada peut prendre de six à huit mois. Le gouvernement fédéral espère homologuer les premiers produits au cours des prochaines semaines.

Le système hospitalier québécois gère depuis plus d'un mois la plus importante pénurie de médicaments injectables de son histoire. Sandoz Canada est le principal fournisseur de plusieurs médicaments injectables pour les hôpitaux québécois. Ces produits sont essentiels pour les soins critiques et intensifs, ainsi qu'en chirurgie.

Le 16 février dernier, la société pharmaceutique a annoncé qu'elle apporterait des correctifs à son usine de Boucherville, à la suite d'un avertissement lancé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, qui a relevé des «violations importantes» dans ses normes de production. Au début du mois de mars, l'usine a suspendu sa production pour environ une semaine afin de nettoyer les dégâts causés par un incendie.